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Claude Bremond compare le conte au jeu de Meccano. La structure et le fonctionnement des contes relèvent de ce jeu de construction : chaque conteur apporte sa variante en combinant à l’infini des éléments au nombre relativement limité. Petit inventaire des principaux outils d’analyse.
LES MOTIFS
Ce sont des éléments qu’on retrouve dans de nombreux contes, des points de
repère qui, à eux seuls, ne font pas forcément l’histoire. Il peut s’agir
d’objets magiques comme un miroir parlant ou des bottes ; de formules
comme « Sésame, ouvre-toi » ; de dons comme cracher des perles ou des
serpents ; de ruses comme feindre d’être mort ; d’épreuves comme trier un
énorme tas de lentilles.
LES FONCTIONS DE PROPP Le folkloriste russe critique la classification Aarne-Thompson des contes par sujets. Avant de classer, il faut définir ce que l’on classe, chercher l’unité de mesure du conte. On s’aperçoit alors qu’il peut y avoir plusieurs contes successifs dans ce que l’on appelait « un conte ». Par exemple, dans les contes des Mille et Une Nuits, on trouve de nombreuses histoires enchâssées les unes dans les autres, au point qu’il arrive qu’on ne sache plus dans laquelle on se trouve : ce vertige est un des charmes du conte.
L’unité de mesure, c’est la fonction, c’est-à-dire l’action d’un personnage définie du point de vue de sa signification dans le déroulement de l’intrigue (par exemple, un mariage en cours de conte n’a pas la fonction de récompense qu’il prend en fin de conte). Et Propp définit le conte merveilleux comme une succession de 31 fonctions. Les plus importantes, celles qu’on retrouve dans le plus grand nombre de contes, sont l’éloignement des parents (dans Le Petit Poucet, Le Petit Chaperon rouge, etc.) qui va être l’occasion de la rencontre d’un agresseur ; le méfait ou le manque (d’époux, d’enfant, de richesse, etc.) ; la tâche difficile (trier un énorme tas de lentilles, voler trois poils de la barbe du diable, etc.) ou le combat (contre un dragon par exemple) ; la réparation du manque ou du méfait, et la récompense finale (richesses, mariage, etc.).
PERSONNAGE ET SPHÈRE D’ACTION La fonction ne tient pas compte des motivations psychologiques, conscientes ou inconscientes, de celui qui agit, ni même de sa nature : ce peut être un être humain ou un animal mais aussi bien un arbre, un poêle ou une rivière. On peut alors regrouper logiquement plusieurs fonctions dans une même sphère d’action (le roi envoie le héros en mission et le récompense quand il revient après la victoire ; mais, si le roi meurt pendant le combat, c’est son successeur qui récompense le héros : on ne quitte pas pour autant la sphère d’action du roi). Selon Propp, le conte merveilleux fait intervenir sept personnages ayant chacun sa sphère d’action : le Héros (sujet de la quête), l’Objet de la quête (princesse, trésor), le Mandateur (qui envoie le Héros en quête), le Donateur (qui aide le Héros de façon souvent surnaturelle), l’Auxiliaire (offert par le Donateur, un objet magique la plupart du temps), l’Agresseur (qui veut supprimer le Héros) et le Faux Héros (qui échoue dans la quête qu’il mène parallèlement mais essaie d’obtenir la récompense). Mais il arrive qu’un personnage cumule deux rôles : le Héros peut être son propre Mandateur comme Peau - d’Âne ; souvent l’Agresseur et le Faux Héros se confondent.
LES ACTANTS DE GREIMAS Greimas a repris l’idée des sphères d’action pour résumer un conte en un tableau de six sphères d’action ou « actants ». C’est le modèle actanciel. Par exemple, un roi (« destinateur ») offre sa fille (« objet ») à celui (« destinataire ») qui saura la délivrer d’un dragon (agresseur, « opposant »). Dans sa quête, le chevalier (« sujet ») est aidé par sa bravoure et par ceux qu’il a éventuellement rencontrés en chemin et auxquels il a rendu service (« adjuvant »). Ses défauts, ses faiblesses font partie, avec l’agresseur, de l’actant « opposant ». Ces notions et ce modèle ont modifié l’idée que l’on se faisait du personnage en littérature.
LES SÉQUENCES NARRATIVES
Bremond regroupe les fonctions en séquences narratives, caractérisées
chacune par une unité d’action selon le schéma ternaire suivant : problème
à résoudre/passage à l’acte/succès ou échec. Ces séquences acheminent
petit à petit le conte de la situation initiale (dégradation) à la
situation finale (amélioration) avec, dans la plupart des cas, le
processus mérite/récompense, démérite/châtiment.
D’AUTRES STRATÉGIES NARRATIVES
Denise Paulme, qui a travaillé sur la morphologie des contes africains,
propose une typologie qui rend compte de la diversité des structures des
contes. En voici les principaux.
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