Conte de passage ou conte d’avertissement ?
Jacob et Wilhelm Grimm donnent, quant à eux, deux versions du Petit Chaperon rouge. Un chasseur intervient et ouvre le ventre du loup endormi pour en extraire la petite fille et sa grand-mère. Le premier conte s’arrête sur cet épisode alors que la deuxième version fait intervenir un autre loup : la petite fille échaudée refuse de l’écouter en allant trouver sa grand-mère pour tout lui raconter. Le loup, qui l’avait suivie, est à son tour dupé par les deux femmes unies dans l’épreuve, et se noie en tombant dans une auge.
"Une des réussites les plus paradoxales de notre littérature" (Marc
Soriano), ce conte n’en finit pas de nous interroger et de
résonner dans l’imaginaire collectif, avec sa structure simple et
binaire, l’utilisation de formules répétitives – "tire la chevillette
et la bobinette cherra" – et d’expressions pittoresques, reflets d’un
passé qui l’était déjà lorsque Perrault l’a transposé. La vogue ne
s’est pas éteinte comme le montrent les multiples variantes
contemporaines modernisées, du
Petit Chaperon bleu marine de Dumas et Moissard au
Petit Chaperon vert de Solotareff en passant par les versions
de Fmurr ou de Claverie, dans laquelle la mère est marchande de pizza
et le loup gérant d’une casse automobile. |