La question du
chemin à prendre
"Je m’en vais par ce
chemin ici et toi par ce chemin-là, et nous verrons qui plus tôt y
sera" (Perrault).
"Quel chemin prends-tu ? dit le Bzou (Loup - Garou), celui des Aiguilles
ou celui des Épingles ?"
Fonctionnant sur le modèle de la devinette avec des objets voisins aux
termes quasiment interchangeables, la question se charge d’un double
sens lorsque l’on connaît la valeur symbolique des épingles et des
aiguilles dans la société française de l’Ancien Régime : symboles du
passage de l’adolescence à la maturité féminine, ces instruments
piquants et perforants étaient réservés aux filles en âge de se marier
et de procréer. C’est en offrant une douzaine d’épingles à leurs
promises que les garçons faisaient leur cour et c’est en lançant des
épingles dans une fontaine que les filles se promettaient à leurs
amoureux. Dans une version du Forez, le petit Chaperon rouge choisit
cependant "le chemin des épingles avec lesquelles on peut s’attifer"
au lieu du "chemin des aiguilles avec lesquelles il faut travailler".
Le côté des épingles symbolise la vie sociale de la jeune fille en
quête d’époux alors que le côté des aiguilles se tourne davantage vers
la vie domestique et son cortège de contraintes. |