La
petite fille arriva, frappa à la porte.
– Pousse la porte, dit le bzou. Elle est barrée avec une paille
mouillée.
– Bonjour, ma grand, je vous apporte une époigne toute chaude et une
bouteille de lait.
– Mets-les dans l'arche, mon enfant. Prends de la viande qui est dedans
et une bouteille de vin qui est sur la bassie.
Suivant
qu'elle mangeait, il y avait une petite chatte qui disait :
– Pue !... Salope !... qui mange la chair, qui boit le sang de sa grand.
– Déshabille-toi, mon enfant, dit le bzou, et viens te coucher vers moi.
– Où faut-il mettre mon tablier ?
– Jette-le au feu, mon enfant, tu n'en as plus besoin.
Et pour
tous les habits, le corset, la robe, le cotillon, les chausses, elle lui
demandait où les mettre. Et le loup répondait : "Jette-les au feu, mon
enfant, tu n'en as plus besoin."
Quand
elle fut couchée, la petite fille dit :
– Oh, ma grand, que vous êtes poilouse !
– C'est pour mieux me réchauffer, mon enfant !
– Oh ! ma grand, ces grands ongles que vous avez !
– C'est pour mieux me gratter, mon enfant !
– Oh! ma grand, ces grandes épaules que vous avez !
– C'est pour mieux porter mon fagot de bois, mon enfant !
– Oh ! ma grand, ces grandes oreilles que vous avez !
– C'est pour mieux entendre, mon enfant !
– Oh ! ma grand, ces grands trous de nez que vous avez !
– C'est pour mieux priser mon tabac, mon enfant !
– Oh! ma grand, cette grande bouche que vous avez !
– C'est pour mieux te manger, mon enfant !
– Oh! ma grand, que j'ai faim d'aller dehors !
– Fais au lit mon enfant !
– Au non, ma grand, je veux aller dehors.
– Bon, mais pas pour longtemps.
Le bzou
lui attacha un fil de laine au pied et la laissa aller.
Quand la petite fut dehors, elle fixa le bout du fil à un prunier de la
cour. Le bzou s'impatientait et disait : "Tu fais donc des cordes ? Tu
fais donc des cordes ?"
Quand il se rendit compte que personne ne lui répondait, il se jeta à
bas du lit et vit que la petite était sauvée. Il la poursuivit, mais il
arriva à sa maison juste au moment où elle entrait.