Wolfgang Amadeus MOZART

Salzbourg 27 janvier 1756 - Vienne 5 décembre 1791

 

 

Requiem en ré mineur, KV 626  Lacrimosa

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

RETABLE DU Jugement Dernier

Roger DE LA PASTURE dit Rogier VAN DER WEYDEN

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CONTEXTE HISTORIQUE

 

Le XVe siècle voit l'apogée des Valois et de la bourgeoisie en Italie, Bourgogne et Flandres. Le traité d'Arras signé en 1435 établit la paix entre Charles VII, roi de France et Philippe le Bon, duc de Bourgogne. Ses hommes d'armes n'ayant plus le droit de se battre mais ne sachant faire que la guerre, mettent à sac la région autour de Beaune. Ils sont alors appelés routiers, écorcheurs ou retondeurs*. A cela s'ajoute la famine, la peste.  Nicolas Rolin, chancelier du duc de Bourgogne, a acquis une immense fortune au cours de sa carrière.

Vieil homme croyant, il souhaite assurer le salut de son âme après sa mort car il sait que le jugement de Dieu porte sur les oeuvres de miséricorde. Il décide donc de construire un hôpital pour venir en aide aux plus démunis. Cette fondation est à la fois une oeuvre de charité et une opération de prestige.

 

RETABLE

 

Placé au-dessus du maître autel de la chapelle de la salle des pauvres, le retable était visible par tous. Il était ouvert le dimanche, les jours de fête et les jours fériés. La semaine, il était fermé.

Sous la Terreur et pendant la guerre de 187O, il est caché. En 1876, il subit une première restauration au Louvre et une seconde à Dijon après la seconde guerre mondiale. En 1952-1953, il fait l'objet d'une étude approfondie par Nicole Veronee-Verhaegen.  L’artiste: le polyptyque est au départ attribué à Jan Van Eyck, mais cette hypothèse est rapidement délaissée car cet artiste meurt en 1441 et la construction de l'Hôtel-Dieu ne débute qu'en 1443.  - 2nde attribution: Grâce à une inscription datant du XVe siècle à propos du Retable de la Vierge du célèbre maître flamand Rogier et à un inventaire du XVIe siècle authentifiant la Descente de croix du Musée du Prado de

Madrid et Le Calvaire de l'Escurial de Madrid, les experts ont étudié et défini le style de Rogier Van der Weyden. Ils lui ont ainsi attribué de manière quasi certaine quarante peintures dont le retable de Beaune.

Datation de l'oeuvre: Il n'existe aucune trace de la commande et l'oeuvre n'est ni datée, ni signée. Une bulle du pape Nicolas V datée du III des calendes de janvier 1452 institue saint Jean-Baptiste comme patron officiel de l'Hôtel-dieu à la place de saint Antoine car Nicolas Rolin craint les revendications possibles des hospitaliers de saint Antoine. Le retable se rattacherait donc au temps où saint Antoine était le patron de cette maison, donc avant 1452.

Par ailleurs, en 1450, Rogier Van der Weyden se rend à Rome pour le jubilé papal. Il est difficile d'imaginer que l'artiste ait eu le temps de réaliser l'oeuvre entre la date de son retour et la date de consécration de la chapelle. Nous pouvons donc proposer comme terminus post quem la date de fondation de l'Hôtel-dieu, 1443 et comme terminus ante quem la date de consécration de la chapelle le 31 décembre 1451.

Emplacement: le retable fait pendant au Christ de Pitié qui attend le supplice de la crucifixion. Les malades ne sont pas les seuls à connaître la douleur et la mort. Mais une promesse leur est faite à l'intérieur du polyptyque: la résurrection.

 

Technique

 

Couleurs à l'huile auxquelles sont ajoutés des composées métalliques, ce qui permet à l'artiste de

peindre des dégradés et des clairs-obscurs. Van der Weyden utilise la technique du glacis (superposition de couleurs très délayées) pour obtenir des effets de transparence et avoir plus de lumière. Les panneaux de chêne sont recouverts d'un enduit blanc pour uniformiser la surface. Le dessin préparatoire est ensuite peint ou gravé, avant d'être recouvert de pigments très dilués. Il existe une collaboration entre le maître et ses compagnons.

Le thème: Il s'agit du Christ ressuscité venu pour juger les morts en fonction de leurs actions, de leurs oeuvres de miséricordes. L'artiste suit les Évangiles selon saint Matthieu ainsi que les textes de l'Apocalypse.

 

REVERS DU RETABLE

 

Extrémités: Les donateurs sont représentés en prière. Des anges placés derrière eux portent leurs armoiries respectives. Un rapprochement est à faire avec La Vierge au chancelier Rolin de Van Eyck pour le portrait du fondateur. Guigone de Salins porte le voile dont s'inspirera la coiffe à cornes des hospitalières.

Centre: - Bas: les deux saints représentés sont invoqués contre les épidémies et plus particulièrement la peste. Saint Sébastien meurt transpercé par des flèches. Saint Antoine ermite fait référence à Mt XIX, 21 : Allez, vendez ce qui vous appartient et donnez le aux pauvres.

 

Le bas du retable est une évocation du temps présent avec la maladie et la charité des fondateurs.

- Haut: scène de l'Annonciation. L'ange Gabriel semble arriver devant Marie qui est agenouillée.

Il s'agit là d'une évocation du temps passé. Marie accepte d'être la mère du Sauveur: premier avènement du Christ fait homme, prélude au second : le Jugement dernier qui est la promesse de la vie éternelle pour tous.

 

Composition:

- préséance du chancelier sur sa femme: Ses mains levées vers le Ciel forment une oblique ascendante avec les mains de Gabriel. Les mains de Guigone de Salins sont tournées vers le livre placé devant elle. L’ange portant les armoiries de Nicolas Rolin est placé plus haut par rapport à celui de son épouse.

- le jeu des regards est important. Les saints sont tournés vers les fondateurs. La Vierge regarde

Nicolas Rolin. Cette ligne descendante est parallèle à celle formées par les regards de Guigone de Salins et de l'ange placé derrière elle. Nicolas Rolin et son ange regardent devant eux.

La lumière vient de la gauche du tableau, tout comme la lumière naturelle (fenêtres) de la chapelle. Les fondateurs sont éclairés de face. Les couleurs sont sourdes et atténuées. Les quatre panneaux centraux sont peints en grisaille, alors que les panneaux des fondateurs sont peints en couleurs.

 

INTÉRIEUR DU RETABLE

 

Le Christ assis sur l'arc-en-ciel a les pieds posés sur le globe. Son visage est impénétrable. Il respecte trop la liberté de l'homme pour le sauver malgré lui. Sa main gauche ne retient pas les damnés. Sa main droite bénie les élus. Le seul signe de son émotion est son pied gauche crispé, placé en retrait par rapport à son pied droit.

Saint Michel: est invoqué contre la peste. Son geste parallèle à celui du Christ inverse le fléau de la balance par rapport à l'iconographie traditionnelle. Ici référence à Hermès qui tient une balance avec deux statuettes, fatum de deux héros. Le plus lourd est celui qui est condamné.

Les anges: quatre d'entre eux portent les instruments de la Passion. Leurs mains sont couvertes de voiles en signe de respect. Quatre autres soufflent dans des trompettes pour appeler les morts venant des quatre coins de l'horizon.

Les intercesseurs en attitude de prière sont reliés au Christ par l'arc-en-ciel. Marie semble confiante et sereine en opposition à saint Jean-Baptiste, tendu, inquiet.

Les apôtres n'ont pas leurs attributs. Certains d'entre eux ont été identifiés grâce au texte de Nicéphore Calliste (historien grec des 1ers siècles) qui les décrit. Saint Pierre à gauche en rouge fait face à saint André également en rouge. Saint Paul en vert à droite fait face à saint Pierre. Tous deux sont les piliers de l'Église. Saint Jean en blanc et imberbe à gauche. Tous sont agités: mains tordues et visages tendus. Les élus et les damnés: l'artiste ne décrit pas le paradis et l'enfer comme ses contemporains. Les corps nus sont spiritualisés. Lorsque l'âme du défunt est pure, la lumière est intérieure et le corps est tourné vers le Christ.  Lorsque l'âme est pécheresse. Le corps est replié sur lui-même. Le démon est intérieur. Les damnés sont plus nombreux que les élus. Mais la distinction entre les 2 est difficile à faire.

 

Composition:

 

Axe principal: Le Christ et saint Michel.

 

Courbes: Une prermière formée de l'arc-en-ciel est parallèle à celles des anges et de la nuée

divine (fond or). Une autre plus ouverte est formée par les apôtres. Elle était renforcée par l'ouverture des panneaux articulés.

 

Diagonales:

 

- Descendante: main gauche du Christ, fléau de la balance, bras tendu du damné puis chute de plus en plus précipitée vers l'enfer.

 

- Ascendante: main droite du Christ, mains de la Vierge, mains de l'élue. Les élus, l'ange, les escaliers et le pinacle.

Le haut l'emporte sur le bas et la droite sur la gauche. Les intercesseurs, saint Pierre et saint Paul sont peints sur un plan frontal. La lumière vient de gauche. Les couleurs sont vives et contrastées. 

 

Au centre se trouvent le rouge, le blanc, le rose et l'or qui unifie l'ensemble des panneaux, comme le bleu nuit du ciel terrestre. Le Christ, saint Michel, saint Pierre, saint André, la sainte et les anges sont en rouge; saint Michel, la Vierge et saint Jean en blanc; saint Jean-baptiste en violet; saint Paul en vert. Marie et saint Jean-Baptiste portent des couleurs plus sourdes. Ils sont ainsi placés en retrait par rapport au Christ et à saint Michel.

 

 

Service éducatif. Musée de l'Hôtel-Dieu. Beaune, Christine MONTOY

 

BIBLIOGRAPHIE

 

BLOCKMANS Wim, PREVENIER Walter, Les Pays-Bas bourguignons, Paris: Albin Michel. 1983. 404 p.. ili. en coul.

CHARLES Corinne. DELAUNAY Isabelle, FRANCOIS Bruno (...). La Bonne étoile des Rolin : Mécénat et efflorescence artistique dans la Bourgogne du XVe siècle, ? : ?, 1994

DE PATOUL Brigitte. VAN SCHOUTE Roger (dir). Les Primitifs flamands et leurs temps. Belgique: La Renaissance du Livre. 1994, 655 p.. iII. en coul. .

FRERE Jean-Claude. Les Primitifs flamands. Paris: Terrail. 1996. 206 p.. ill. en coul.

 

GONDINET-WALlSTEIN Eliane. Un Retable pour l'au-delà: Le Jugement dernier de Rogier Van der Weyden, Hôtel-Dieu de Beaune, Paris: Mame, 1990

MAURICE CHABARD Brigitte (dir.). La Splendeur des Rolin : Un mécénat privé à la cour de Bourgogne. Paris: Picard. 1999

Musée communal de Bruxelles, Maison du roi, 6 octobre - 18 novembre 1979.

 

Rogier de le Pasture: Peintre officiel de la ville de Bruxelles: Portraitiste de la cour de Bourgogne, ? : Centre culturel du Crédit Communal de Belgique. 1979. 232 p.

VERONEE-VERHAEGEN Nicole. L 'Hôtel-Dieu de Beaune, Bruxelles: Centre national de Recherches <c Primitifs flamands.. ; Ministère de l'éducation nationale et de la Culture, "1973. 148 p.. ili.

 

*Les retondeurs étaient les artisans qui s'occupaient de l'embellissement des draps et des pièces d'étoffes. L'embellissement du drap se faisait au moyen de la tondeuse ou force, par la presse et par la frisure; personne ne pouvait retondre le drap ni le presser s'il n'avait acquis le métier.

Saint patron : saint Maurice.