Olivier MESSIAEN

Compositeur, organiste et professeur -

Avignon, 10-12-1908 / Clichy, 27-4-1992

 Biographie  Chronologie  extrait(s)

Biographie

Issu d'une famille d'intellectuels, il apprend à jouer du piano dès l'âge de sept ans et à huit ans, il compose sa première mélodie La Dame de Shalott sur un poème de Tennnyson. Sa mère, Cécile Sauvage, est poétesse, elle écrit en attendant sa naissance L’Âme en bourgeon, recueil que Messiaen jugera déterminant pour sa destinée ; son père, angliciste et intellectuel prolifique, traduit Shakespeare. La découverte de Pelléas et Mélisande de Debussy à l'âge de huit ans décide de sa vocation. C'est à onze ans qu'il entre au Conservatoire de Paris dans les classes de Jean et Noël Gallon, Marcel Dupré (orgue) et Paul Dukas(composition).

Il remporte des premiers prix dans toutes les disciplines étudiées (composition, orgue, harmonie, histoire de la musique, contrepoint...).

1931 Il est organiste à l'église de la Trinité à Paris.

1936-39 Il enseigne à l'École normale de musique et à la Schola Cantorum. Avec André Jolivet( N° 1 de Six Chansons naïves), André Jolivet et Daniel-Lesur, il fonde le groupe "Jeune France" qui a pour but de promouvoir la musique française moderne. Leur premier concert à lieu le 3 juin 1936. Le groupe disparaît avec la guerre et l'occupation.

André Jolivet au Piano. Debout de gauche à droite : Olivier Messiaen, Yves Baudrier, Daniel-Lesur

1939 Prisonnier pendant deux ans en Silésie, il y compose son Quatuor pour la fin du temps.

1942 Il reprend son poste d'organiste à la Trinité et , il est nommé professeur au Conservatoire de Paris, il enseigne successivement l'harmonie, l'analyse, l'esthétique, le rythme et "la philosophie musicale".

1947-1953 Messiaen donnera des cours ponctuellement à Budapest, Tanglewood (USA), Darmstadt, Sarrebruck, Buenos-Aires etc...

1961 Il épouse la pianiste Yvonne Loriod qui interprétera magistralement certaines de ses oeuvres notamment Le Réveil des oiseaux, elle terminera l'orchestration de son Concert à quatre, oeuvre commencée en 1992.

La personnalité de Messiaen autant que son oeuvre a exercé sur la jeune musique une influence déterminante Il aura comme élèves Pierre Boulez, Stockhausen, Xenakis... Cet appétit de transmission se mesure dans les publications théoriques (Vingt Leçons d’Harmonie, Technique de mon langage musical et le monumental Traité de rythme, de couleur et d'ornithologie) qui présentent les recherches de Messiaen. Il reçoit de nombreuses distinctions et de nombreux prix.

Mystique de nature et catholique de religion, il s'efforce de trouver une relation entre les progressions des sons musicaux et les concepts religieux. Il emploie les ondes Martenot et des instruments à percussions exotiques. Il utilise dans ses partitions des rythmes hindous, grecs, et des chants d'oiseaux. Il a d'ailleurs fait une étude détaillée des chants d'oiseaux dans différentes parties du monde.

1928 Le Banquet céleste (pour orgue).  Plus tard, Messiaen l’a intitulé Le Banquet eucharistique.

1933 L'Ascension (pour orchestre)

1935 Pièces pour le tombeau de Paul Dukas. Elles font partie d’un recueil commandé par la Revue musicale à une dizaine de compositeurs – Messiaen, Falla, Rodrigo, Schmitt… – en hommage au compositeur disparu.
 

1944 3 Petites liturgies de la Présence divine

1946-48 Turangalila -Symphonie

1956-58 Catalogue d'oiseaux (pour piano)

1953 Le Réveil des oiseaux pour piano et orchestre

1964 Les Couleurs de la Cité céleste pour grand orchestre

1969 Méditations sur le mystère de la Sainte Trinité

1970-74 Des Canyons aux étoiles

1975-83 Saint François d'Assise (son seul opéra qui sera créé à l'Opéra de Paris le 10 décembre 1983 sous la direction de Seiji Ozawa)

1992 Éclair sur l'au-delà (commande de l'Orchestre Philharmonique de New York)

Extrait(s)

Petites esquisses d’oiseaux - VI. L’Alouette des champs.

La Nativité, les bergers.

Pièce pour le tombeau de Paul Dukas.

Oiseaux Exotiques.

 

Il est né...

Il est né, j'ai perdu mon jeune bien-aimé,
Je le tenais si bien dans mon âme enfermé,
Il habitait mon sein, il buvait mes tendresses,
Je le laissais jouer et tirailler mes tresses.
À qui vais-je parler dans mon coeur à présent ?
Il écoutait mes pleurs tomber en s'écrasant,
Il était le printemps qui voit notre délire
Gambader sur son herbe et qui ne peut en rire.
Il me donnait la main pour sauter les ruisseaux,
Nous avions des bonheurs et des peines d'oiseaux ;
Son sommeil s'étendait comme un aveu candide.
Mon oeil grave flottait sur son âme limpide,
Je couvais dans son coeur les oeufs de la bonté,
J'effeuillais sur son front des roses de clarté.
Le silence des fleurs reposait sur sa bouche,
Son doux flanc se gonflait de mon orgueil farouche ;
Son souffle était le mien, il voyait par mes yeux.
Son petit crâne avait la courbure des cieux.
Je le tenais des dieux que j'ai conçus moi-même ;
C'était le jardin clos où la vérité sème,
C'était le petit livre où des contes naïfs
Me reposaient de l'ombre et des rayons pensifs.
Ses doigts tendres savaient caresser ma misère.
Devant ce front de lait, devant cette âme claire
Mon coeur n'éprouvait point de honte d'être nu,
Mon être était l'instinct dans son geste ingénu,
J'étais bonne d'avril nouveau comme la terre,
Je donnais mes ruisseaux, mes feuilles, ma lumière ;
La mort cachait ses os sous les duvets herbeux,
Nous étions le mystère et la vie à nous deux.
Notre âme, au ras du sol mollement étendue,
Était un blé qui berce une vague pelue.

Maintenant il est né. Je suis seule, je sens
S'épouvanter en moi le vide de mon sang ;
Mon flair furète dans son ombre
Avec le grognement des femelles. Je sombre
D'un bonheur plus puissant que l'appel d'un printemps
Qui ferait refleurir tous les mondes des temps.
Ah ! que je suis petite et l'âme retombée,
Comme lorsque la graine ayant pris sa volée
La capsule rejoint ses tissus aplanis.
Ô coeur abandonné dans le vent, pauvre nid !
 

 

Voir aussi :

http://brahms.ircam.fr/index.php?id=2276

http://www.messiaen2008.com/biographie.php