Guillaume de MACHAU(L)T

vers 1300 - 1377

 

http://gallica.bnf.fr/themes/LitMAz6.htm

Le remède de fortune

Ensemble Guillaume de Machaut de Paris, ADES, réf. ADE 680

 

 

Fol. 47v (détail miniature) BNF
Guillaume de Machaut compose

Le Remède de Fortune

est un grand dit narratif de plus de quatre mille vers, composé avant 1349 par Guillaume de Machaut et conçu comme un véritable art poétique, où toutes les formes lyriques existantes sont représentées, avec des insertions musicales ( lai, complainte,baladelle, ballade, virelai, rondeau…). Le poète se met lui-même en scène : son amour, ses chants, son espérance (remède aux « maux de Fortune »).

Le Remède met en scène le poète lui-même, dans une allégorie qui le mènera, par le biais de la fin amour, d’une jeunesse oisive et stérile à une maturité artistique

créative.

L’état d’« innocence » et de dispersion qui caractérise le narrateur – s’agit-il de Machaut lui-même ? – au début du récit cesse dès la rencontre avec sa dame, qui le fait tomber irrémédiablement sous l’emprise de l’amour. C’est elle, la

« flour souvereinne », qui lui apprend à n’écrire désormais que sous la dictée du coeur « car qui de sentement ne fait, son ouevre et son chant contrefait. »

La voie de la fin amour n’est pourtant pas facile. L’amant va se trouver tiraillé entre deux forces contraires : Désir, qui le pousse à se déclarer, et Courtoisie, qui l’oblige à le garder secret. Un jour, par malheur, il se trouve contraint de chanter pour sa dame son grand lai d’amour. La belle, charmée, lui demande qui en est l’auteur et lui, pour ne pas se trahir, ne peut que se résoudre à fuir celle qu’il aime sans prononcer une parole.

Désespéré, il se réfugie dans un beau jardin solitaire où il peut se livrer à sa révolte contre Amour et Fortune, causes de tous ses malheurs. Là, lui apparaît une mystérieuse dame qui saura guérir son coeur malade en lui enseignant

le remède de Fortune : Patience et Contentement. Cet être bienfaisant, avant de disparaître, lui révèlera finalement son nom : Espérance. Rasséréné, le poète retrouvera la force de retourner vers sa dame et de lui avouer enfin sans crainte son amour. Ils scelleront leur union mystique par un échange d’anneaux, sous le regard bienveillant d’Espérance. C’est donc à un parcours initiatique que nous invite le Remède de Fortune. Mais c’est une initiation bien douce, car le chant y est toujours présent et « chanter vient de leëce de cuer ». Le chant vient de la joie du coeur.

D'après Marco Horvat