En 1502, une lettre de l’un des émissaires en France du Duc Ercole d’Este – émissaires chargés de recruter des chanteurs et compositeurs – vanta les mérites de Josquin en ces termes : “Il ne serait seigneur ou roi qui aurait une chapelle meilleure que la vôtre si Monseigneur choisissait Josquin…”. Une autre lettre, écrite par le second émissaire, affirmait que “Heinrich Isaac est plus apte à servir Monseigneur que Josquin, parce qu’il est de meilleure compagnie ; il est vrai que Josquin compose mieux, mais ne travaille que quand cela lui plaît, pas quand on le lui ordonne ; et il demande 200 ducats tandis que Isaac restera pour 120 ”. Le duc engagea néanmoins Josquin, bien que plus cher et plus fantasque.

La Missa Hercules Dux Ferrariae, à la gloire du duc, est construite selon un montage amusant de “notes extraites des mots” : Her = ré, cu = ut, les = ré, Dux = ut, Fer = ré, ra = fa, ri = mi, ae = ré, ce qui fait que le destinataire se trouve ainsi honoré de par la teneur même de son nom. Un matériau thématique difficile à mettre en œuvre, mais que Josquin, du haut de ses 200 ducats par an, utilisa magistralement.

ERCOLE I D’ESTE(1431-1505), duc de Ferrare de 1471 à 1505.

C'est à Naples, à la cour des Aragons, que le fils de Nicolo III et de Ricciarda de Saluzzo fut éduqué de 1445 à 1460 et formé au métier des armes et de la cavalerie. Il épousa, en 1473, Eléonore d'Aragon et c'est de cette union que naquirent trois enfants: Alfonse, la célèbre Isabelle et Béatrice. La grande habilité dont il fit preuve dans la politique des mariages lui permit de nouer des alliances importantes pour la cour d'Este et c'est ainsi que Alfonse épousa, en premières noces, Anna Sforza, puis , resté veuf, Lucrèce Borgia, la fille du pape Alexande VI, tandis que ses soeurs, Isabelle et Béatrice, épousèrent respectivement Francesco Gonzaga, marquis de Mantoue, et Ludovico Sforza surnommé le Moro.
A la tête du duché, Ercole dut affronter les vénitiens (1482-1484), s'opposant ainsi à leur expansion vers le sud. C'est avec la paix de Bagnolo, en 1484, que cette guerre prit fin et la maison d'Este se vit privée du territoire du Polesine.
C'est grâce à sa clairvoyance que fut réalisé l'agrandissement de la ville et repoussé les remparts, la soi - disante Addizione Erculea, qui fut commissionnée au grand architecte Biagio Rossetti et qui modifia radicalement l'aspect de la ville.
Seulement quelques années- pendant lesquelles les chantiers ne cessèrent de mettre en oeuvre la construction de remparts, palais, routes, places et couvents- suffirent pour redoubler la superficie de la ville et pour transformer ce petit bourg moyenâgeux en un véritable joyau de l'urbanisme de la Renaissance.
Le château, déjà devenu la résidence de la famille ducale, se retrouvait désormais placé au centre de la ville et devenait un point de repère imposant, visible de chaque angle du tissu urbain; c'est alors que commencèrent les remaniements qui en firent, presque exclusivement, la demeure principale . Ercole, grand amateur de musique sacrée et de polyphonique vocal, fut l'initiateur d'une nouvelle époque musicale qui permit à Ferrare de rivaliser avec les cours les plus illustres comme celles de Naples, Milan et surtout la papauté, dans la course pour s'approprier les meilleurs compositeurs et les meilleurs musiciens du moment. Outre pour la musique, il porta un vif intérêt pour le théâtre où il introduisit des oeuvres de caractère profane accompagnées d'imposantes mises en scène qui lui permirent de recueillir le consensus de ses sujets et des hommes de culture.
C'est en 1505 que mourut Ercole Ier sans avoir omis de désigner un sucesseur, son fils Alphonse.

http://www.eca.ferrara.it/fr/ercoleI.html