L'imprimerie

 

 musicale

 

 

 

Antiphonaire XVe

 

 

On considère habituellement le 15 mai 1501 et Venise comme, respectivement, la date et le lieu de naissance de l'imprimerie musicale, lorsqu'Ottaviano Petrucci signe la dédicace de son Harmonice musices odhecaton.

" Adieu mes amours " du compositeur  Josquin des Prés (1440-1521).

 

Pourtant, depuis Johannes Gutenberg et les premiers artisans rhénans, au milieu du XVe siècle, la musique compte parmi les principales préoccupations de l'industrie naissante.

L'imprimerie musicale se développe en relation avec l'institution ecclésiastique : la plupart des incunables sont des livres liturgiques qui consignent le texte et le plain-chant de l'office.
La solution qu'apporte le premier livre de musique – un graduel anonyme fabriqué dans le diocèse de Constance vers 1473 – est le procédé de double impression : portées musicales, lettrines et rubriques sont imprimées à l'encre rouge, notes de musique et texte de l'office à l'encre noire.

Quoiqu'il procède du même schéma technique (utilisation de caractères mobiles en triple impression ,portée, notes, texte littéraire), l'Odhecaton de Petrucci, compilation des cent (nonante six en réalité) chansons les plus célèbres de l’époque, n'en ouvre pas moins une ère nouvelle dans l'histoire de la musique. Pour la première fois, la musique polyphonique fait l'objet d'une offre abondante sur la place publique.

C'est à Paris toutefois, en 1528, que Pierre Attaingnant, imprimeur rue de la Harpe à Paris, porte l'imprimerie musicale de la Renaissance à son point de perfection en inventant l'impression par caractères mobiles. Chaque élément typographique fournit une note et le fragment de portée correspondant : leur juxtaposition matérialise d'un coup la portée et la mélodie. Ce procédé, qui survivra aux innovations ultérieures jusqu'au cœur du XVIIIe siècle, permet un essor sans précédent de l'imprimerie musicale. Attaingnant a compilé et rédigé plus de 14 volumes de motets terminés vers 1535. Il est nommé "Libraire et Imprimeur du Roy en musique" en l’année 1538.

 

Parallèlement, une technique particulière de notation, la tablature, favorisera considérablement l'essor de la musique instrumentale. Grâce à la tablature, l'exécutant possède, en plus des notes, le doigté prescrit par le compositeur. Les premières tablatures du luth, l'instrument le plus populaire de la renaissance, paraîtront en Italie en 1507.

 

Malgré les progrès techniques, le manuscrit demeure longtemps un moyen très usuel de diffusion de la musique. C’est du reste le « copiste de musique » qui se charge, à la demande, de regrouper dans un même recueil des pièces empruntées à diverses sources, ou encore de réduire une partition d’orchestre (c’est-à-dire copier sur deux portées seulement une partition qui en compte une dizaine).

Dans le paysage économique des XVII° et XVIII° siècles, la cohabitation des copistes et des imprimeurs paraît naturelle, d’autant que les uns et les autres ne répondent pas aux mêmes besoins (reproduction ponctuelle et individuelle dans le premier cas, reproduction à plus large échelle de partitions formant une unité intellectuelle dans le second). On sait par ailleurs que Jean-Jacques Rousseau fut copiste. Avant lui, Philidor (copiste attitré de Jean-Baptiste Lully) avait pour mission de compiler pour Louis XIV, selon ses propres mots, « ce qui se faisait de plus beau en musique, tant pour la chapelle que pour la chambre ».