Paul Dukas

né à Paris le 1er octobre 1865 et mort à Paris le 17 mai 1935.

 

 

 

Les quatre dernières minutes de L’Apprenti sorcier

Créé à Paris le 18 mai 1897, lors d’un concert de la Société Nationale dirigé par Dukas lui-même, l’Apprenti sorcier fit connaître en un seul jour son auteur, alors âgé de 32 ans, qui révélait ainsi au grand public son génie de l’orchestration.

En introduction, sur un fond de cordes, le contrebasson puis tout l’orchestre exposent tour à tour le thème de l’apprenti, et l’incantation magique. Puis un thème plus rapide avec un rythme fort, dont le développement fugué occupe la place la plus importante de l’œuvre, suggère le mouvement du balai : les trompettes sonnent, le basson (le balai) s’anime de plus en plus vivement dans un rythme lancinant. L’orchestre tout entier commente l’action et traduit (violons) la panique du héros incapable d’arrêter la marche infernale du balai. A l’instant où les deux morceaux du balai fendu se relèvent, tout naturellement la fugue simple se transforme en double fugue pour donner naissance à des développements doublés qui se croisent, se poursuivent et se chevauchent dans un tumulte délirant mais ordonné, qui nous emportent dans un tourbillon sonore enivrant où mille idées sont soufflées. Un soudain fortissimo final indique le retour du maître qui rétablit l’ordre en un tour de main : c’est la conclusion où reviennent les éléments de l’introduction et où apparaissent la magie et le mystère.

 

  Voulant imiter son maître magicien, l’un de ses aides parvient à prononcer la formule magique qui permet de transformer un balai en serviteur docile et lui ordonne de remplir un bassin. Mais il oublie la formule pour échapper à l’enchantement et voilà notre balai qui apporte des seaux et des seaux d’eau au point de submerger la maison. L’apprenti sorcier se saisit alors d’une hache, fend le balai en deux, mais après quelques secondes de répit les débris du balai s’ébranlent et, à leur tour, remplissent inlassablement le récipient. Le retour providentiel et inespéré du magicien permet de ramener le calme et de renvoyer le balais à sa tâche première.

En introduction, sur un fond de cordes, le contrebasson puis tout l’orchestre exposent tour à tour le thème de l’apprenti, et l’incantation magique. Puis un thème plus rapide avec un rythme fort, dont le développement fugué occupe la place la plus importante de l’œuvre, suggère le mouvement du balai : les trompettes sonnent, le basson (le balai) s’anime de plus en plus vivement dans un rythme lancinant. L’orchestre tout entier commente l’action et traduit (violons) la panique du héros incapable d’arrêter la marche infernale du balai. A l’instant où les deux morceaux du balai fendu se relèvent, tout naturellement la fugue simple se transforme en double fugue pour donner naissance à des développements doublés qui se croisent, se poursuivent et se chevauchent dans un tumulte délirant mais ordonné, qui nous emportent dans un tourbillon sonore enivrant où mille idées sont soufflées. Un soudain fortissimo final indique le retour du maître qui rétablit l’ordre en un tour de main : c’est la conclusion où reviennent les éléments de l’introduction et où apparaissent la magie et le mystère.

 

L'apprenti sorcier

poème de Johan Wolfgang von Goethe (1749-1832)
http://webpublic.ac-dijon.fr/pedago/langues/article.php3?id_article=158

 Composée de quatorze strophes : sept huitains alternant avec sept sixains, cette ballade, intitulée Zauberlehrling, que Johann-Wolfgang Goethe (1749-1832) écrivait en 1797, fut admirablement traduite en musique par Paul Dukas un siècle plus tard exactement au point que l’œuvre littéraire par elle-même laissait la place à la musique.

 Le vieux sorcier n'est plus là
Cette fois il est bien parti!
Cette magie qu'il m'interdisait
Est enfin à ma portée!
Je vais pouvoir essayer
De faire obéir les esprits,
jeter des sorts, jouer avec les maléfices!
Je vais montrer tout mon art!

- Flots! Flots! en avant!
Répandez-vous, ne vous ménagez pas!
Eau jaillissante du ruisseau
Viens remplir et éclabousser le bassin!

- Viens aussi, toi vieux balai,
Accroche ces chiffons autour de toi
J'ai besoin de ton aide
Obéis à mes ordres
Soumets toi à mes envies
Il te faut deux jambes pour te dresser,
Une tête,
Ca y est! vas-y! cours et dans chaque main
Prends un seau

- Flots! Flots! en avant!
Répandez-vous, ne vous ménagez pas!
Eau jaillissante du ruisseau
Viens remplir et éclabousser le bassin!

Regardez-moi ce vieux balai,
Il fait la course jusqu'à la rive
Ca y est, il plonge dans le courant du ruisseau
Il revient là en un éclair
et verse l'eau vite et bien
Et là encore il se hâte
L'eau se renverse, l'eau déborde des cuvettes bien remplies
- Stop! Assez! Écoute-moi!
Tu en as fait assez balai
Nous avons assez d'eau mon cher
Oh... j'ai oublié la formule
J'ai oublié ce que disait le vieux sorcier
Pour que le balai redevienne balai!
Ah il court et rapporte de l'eau plus vite encore
Comment le retransformer en manche à balai comme avant?
Il verse encore des torrents d'eau
Et encore et encore sur ma tête
- Non! Stop! Arrête toi
S'il te plait
Il faut que je l'attrape
Il est devenu méchant
J'ai de plus en plus peur
Ses yeux sont maintenant effrayants
- Créature de l'enfer, tu n'es pas humain!
La maison entière va être inondée
Du seuil au portail
Des flots d'eau comme un orage
- Balai maudit!
Qui n'en fait qu'à sa tête
Tu n'es qu'un morceau de bois
Encore une fois arrête! Ne bouge plus!
Tu ne veux pas t'arrêter balai?
Je vais m'emparer de toi
Te serrer fort, te frapper
Te fendre en deux, vieux bout de bois
Avec cette hache tranchante!
Oh non! Il retourne encore chercher de l'eau
Maintenant il la verse sur moi
- Attention Démon! Cette fois je vais te faire obéir
Crash! - La lame de cette hache a eu raison de toi!
Quel beau coup! Vraiment!
Là cette fois ça y est. Il est coupé en deux!
J'espère que tout va aller maintenant
Je commence à respirer
Oh... oh non!! Pauvre de moi!
Les deux moitiés se lèvent et se dressent
Comme deux grandes tours!
Elles sont après moi
- Au secours À l'aide!
Elles courent chercher de l'eau! La pièce entière, les escaliers, tout est inondé! Ca déborde de partout
- Mon dieu! Mon maître!
Au secours! Écoutez moi!
Ah! le vieux sorcier revient
- Oh, maître, quel malheur
Les esprits que j'ai réveillés
ne veulent plus m'écouter

- "Va dans ton coin
Balai, balai
Ecoute ton maître, tu n'en as qu'un
Va dans ton coin"

Avec L’Apprenti sorcier, scherzo pour orchestre, Paul Dukas s’était essayé, avec éclat, dans un style alors très prisé, celui du poème symphonique sur un argument littéraire. Liszt, qui en composa une douzaine et notamment Eine Faust-Symphonie in drei Charakterbildern pour ténor, voix d’hommes et orchestre (1854-57), d’après Goethe, et Saint-Saëns, rénovateur de la symphonie et premier compositeur français à se lancer dans le poème symphonique (le Rouet d’Omphale, 1872 ; Phaéton, 1873 ; la Danse macabre, 1874 et la Jeunesse d’Hercule, 1877) sont les précurseurs de cette composition orchestrale en un seul mouvement, inspirée par un texte littéraire, une légende ou encore un personnage populaire. Cette forme de musique permet en effet de mieux " dramatiser " la musique orchestrale dans la musique symphonique où le texte est prétexte à musique. Le poème symphonique, dès son apparition vers le milieu du dix-neuvième siècle, connut un rapide essor : Rimsky-Korsakov (Schéhérazade), Franck (Le Chasseur maudit, Psyché), Sibelius (Finlandia), Smetana (Ma Patrie), R. Strauss (Till l’espièle, Ainsi parlait Zarathoustra), d’Indy (La Forêt enchantée), Pierné (L’An mille), de Séverac (le Chant de la terre) et Strawinsky (le Chant du Rossignol)1 nous livrèrent ainsi un aperçu de leur science orchestrale.