DUFAY Guillaume 

Hainaut (Belgique), vers 1400 / Cambrai, 1474.

 

La messe de Noël chantée par la chapelle des Ducs de Savoie. Enluminure extraite des Très Riches Heures du Duc de Berry (Chantilly, Musée Condé). 

Missa Se la face ay pale 

 

Alleluia : Benedictus es Domine.

Amédée VIII de Savoie hérita de ce manuscrit exceptionnel, laissé inachevé à la mort de son grand-père Jean de Berry, et qui fut terminé par Jean Colombe, artiste originaire de Bourges. La cérémonie représentée se déroule dans la Sainte-Chapelle du château de Chambéry, dont la clef de voûte est ici décorée aux armes des Savoie.

 

 La Missa "Se la face ay pale" est la première des quatre messes magnifiques de sa pleine maturité. Elle est chantée ici telle qu'elle devait l'être par les chantres du chapitre de la cathédrale de Cambrai, de la chapelle papale ou de celle du Duc de Savoie, les trois grandes institutions principales au sein desquelles Guillaume Dufay a exercé ses talents : a cappella, à voix d'hommes et en alternant le Propre grégorien et les majestueuses polyphonies de l'Ordinaire, prenant comme "cantus firmus" une de ses célèbres chansons profanes "Se la face ay pale"*.

Si le cycle de la messe polyphonique naît au XIVe siècle grâce aux chantres de la chapelle papale d'Avignon et à Guillaume de Machaut, Dufay lui donne une ampleur et une majesté extraordinaires. Son savoir-faire tient compte à la fois des styles traditionnels, de la "contenance angloise" et de toutes les nouveautés contrapuntiques de son temps.

Tout en annonçant la Renaissance, cette œuvre de Guillaume Dufay est une apothéose du Moyen Âge.

 

*Se la face ay pale
La cause est amer. ["amer" = amour]
C'est la principale,
Et tant m'est amer ]
Amer, qu'en la mer ]
Me voudroye voir.
Or scet bien de voir ["de voir" = vraiment]
La belle a qui suis

Que nul bien avoir]
Sans elle ne puis.