Ferruccio BUSONI

 Florence, 1er avril 1866 - Berlin, 27 juillet 1924

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Biographie

Né dans une famille de musiciens talentueux (une mère allemande et d’un père italien) BUSONI donne des concerts dès l’âge de huit ans et acquiert très tôt une belle renommée de pianiste. Deux ans plus tard, il inscrit à son programme quelques œuvres de sa composition.

En 1877, sa famille s’installe à Graz. Il dirige son propre Stabat Mater à l’âge de douze ans, et à quinze ans, il est accepté comme membre de l’Academia Filarmonica de Bologne.

C’est un musicien allemand, Max Reger, qui va parfaire ses connaissances musicales et être le premier à apprécier son talent. Celui-ci note " le goût naïf qu’à ce jeune homme pour la tonalité l’a sauvé du doux poison du romantisme ".

En 1886, BUSONI se rend à Leipzig où il étudie la musique de Bach et commence son monumental travail de transcription pour piano des œuvres de Bach.

En 1889, il est nommé professeur de piano au Conservatoire d’Helsinki.

En 1890, il obtient le prix Rubinstein pour son Concertstück pour piano et orchestre ; la même année, il épouse la fille d’un célèbre sculpteur suédois dont il aura deux fils, également artistes célèbres.

De 1891 à 1894, il enseigne au Conservatoire de Boston aux Etats-Unis. Parallèlement, il effectue des tournées triomphales, notamment en 1913 en Russie. Après un bref séjour en Suisse durant la guerre, il s’installe définitivement à Berlin.

Son séjour de trois ans aux USA lui a inspiré une série de pièces pour piano Indianische Tagebuch d’après des thèmes « peaux-rouges » comme Busoni aimait à le dire lui-même.

En 1907, BUSONI jette dans le monde musical une bombe sous la forme d’un livre, dédié à Rainer Maria Rilke " Esquisse d’une nouvelle esthétique musicale ". Sa volonté de donner un contenu révolutionnaire à la pensée et à la forme classiques ne lui concilie pas la faveur des milieux musicaux allemands. Certains, dont Hans Pfitzner, voient dans ce manifeste " le signal d’alarme d’un péril futuriste "…

En tant que compositeur, BUSONI mit plus longtemps à s’imposer. Ses premières œuvres, notamment le Concerto pour piano avec choeur final op 39 (1904) sont étourdissantes de virtuosité. Il a composé et innové dans tous les genres  : des œuvres pour piano, de la musique symphonique et chorale, des opéras –Arlecchino op 50 (1906) ; Turandot (1917) ; Doktor Faust (achevé par Philippe Jarnach en 1925), des pièces pour orgue, de la musique de chambre, des mélodies, 7 volumes de transcriptions d’œuvres de Bach ainsi que des transcriptions d’œuvres de Beethoven, Brahms, Liszt… , des cadences pour des concertos de Beethoven et de Brahms, etc…

La carrière de virtuose de BUSONI s’interrompt au début de la guerre de 1914, il ne paraît plus qu’en 1921 pour donner avec l’Orchestre Philharmonique de Berlin un aperçu de son œuvre de compositeur.

Lorsque l’on examine le catalogue des œuvres de Busoni, on s’aperçoit que les trois quarts de sa production font référence à d’autres compositeurs : outre 7 volumes de transcriptions consacrées à Bach, il revisita Mozart, Cramer, Beethoven, Schubert, Novacek, Chopin, Liszt, Paganini, Mendelssohn, Brahms, Gade, Goldmark, Wagner, mais aussi … Schoenberg.

De ce dernier, il réécrira la 2° des trois pièces pour piano op 11 (1909) dans laquelle il est expressément fait mention de l’utilisation de la troisième pédale du piano dite « pédale tonale » ou « sostenuto » brevetée par Steinway en 1874 et dont l’usage se généralisera au XX° siècle.

La réécriture de certaines pièces amène Busoni aux frontières de la transcription : dans un recueil modestement nommé  album à la jeunesse, l’une des pièces s’intitule « prélude, fugue et fugue figurée ». Il s’agit en fait d’une relecture du prélude et fugue en ré majeur tiré du premier livre du Clavier bien tempéré de J-S Bach. La « fugue figurée » est en réalité une superposition du prélude et de la fugue précédemment entendus, Busoni créant ainsi l’illusion que le plan harmonique des deux pièces est totalement compatible.

 Le quart restant de la production de Busoni montre que ses préoccupations langagières sont bien celles de son temps, ainsi dans ce même recueil An die Jugend epilogo (1909), on peut entendre clairement des motifs dodécaphoniques, même s’ils sont encore traités de manière tonale. Dans sa deuxième sonatine pour piano (1912), il rompt clairement avec la tonalité.

Outre ses nombreuses compositions, on doit à Busoni plusieurs écrits : une méthode pour piano proposant notamment des gammes avec des enchaînements de doigtés jusqu’alors inusités. Il introduit dans le jeu pianistique un concept de sonorité orchestrale. 

Il publie en 1907 un livre, dédié au poète Rainer Maria Rilke " Esquisse d'une nouvelle esthétique musicale " dans lequel il défend les compositeurs novateurs de son temps (il dirigea à Berlin Fauré, Debussy et Bartok). Il propose notamment un système de cent treize modes heptatoniques différents et il suggère d'écrire de la musique dans des gammes exotiques.

 Le terrain modal avait déjà été exploré par Debussy et que Scriabine avait mis un point un système harmonique tout à fait original qui trouve son aboutissement dans Prométhée ou le poème du feu (1910).

C’est à cette époque que l’ingénieur Thaddeus Cahill présentera une invention : le Dynamophone ou Teleharmonium qui retiendra toute l’attention de Busoni. Il s’agit de l’un des premiers générateurs de sons électriques de l’histoire de la musique. L’instrument, composé de nombreuses bobines d’induction  pèse plus de 200 tonnes. Même si son existence fut relativement brève, elle intéressa Busoni qui était persuadé que les instruments « acoustiques » disponibles alors étaient trop limités, dans leur timbre, dans leur étendue, dans leur capacité à gérer les micro-intervalles (entrevus par Charles Ives outre-atlantique) et les nouvelles échelles modales qu’il préconise dans ses écrits. Il voyait dans les recherches de Cahill une réponse probable à la question des sonorités nouvelles.

 Un  aspect méconnu de la personnalité de Busoni, c’est le philosophe, passionné de métaphysique hermétique comme le fut Scriabine avec la « théosophie ». Son dernier opéra n’est-il pas un « Doktor Faust » achevé en 1925 par son élève Philippe Jarnach.

Edgar Varèse et Kurt Weill feront partie de ses élèves dans le domaine de la composition, ainsi qu’Alexandre Brailowski, Rudolf Ganz et Percy Grainger pour le piano.

BUSONI, précurseur de génie, a introduit dans le jeu pianistique un concept de sonorité orchestrale ; dans ses écrits, il propose notamment un système de cent treize modes heptatoniques différents et il suggère d’écrire de la musique dans des gammes exotiques… ; ses transcriptions magistrales des œuvres de Bach se retrouvent dans nombre de concerts ; dans l’opéra, il a concilié la grande forme de l’opéra allemand et la grâce de la fantaisie du dialecte vénitien. Ses origines, à la fois septentrionale et méridionale, vont marquer toute son existence et nourrir ses conceptions esthétiques de deux modes de penser et de vivre aussi dissemblables.

BUSONI, esprit curieux , novateur et génial, est considéré à juste titre par Stravinsky, comme l’un des précurseurs de l’idéologie musicale contemporaine. 

extraits

 Sonate für Violine und Klavier, op.36a 2. presto

 Albertine Scène 10 de l’Acte II de Die Brautwahl

Piano Concerto in C major Op. 39 - 4e Mouvement All' Italiana (1904)

 

Voir aussi:

 http://archive.operainfo.org/broadcast/composer.cgi?id=41&language=3

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