La maison Cauchie (fiche)

LA MAISON CAUCHIE

Située au 5 rue des Francs, en face du Cinquantenaire, la maison Cauchie a été édifiée en 1905 par l'architecte, peintre et décorateur Paul Cauchie (1875 - 1952) qui en avait fait sa maison personnelle après son mariage avec Caroline Voet. Cette maison-atelier est particulièrement illustrative de l'apport de la peinture murale dans l'Art nouveau. La façade, décorée de sgraffites, est une de ses marques originales. Elle servait quasi de «show room» pour un artiste qui réalisa près de 600 sgraffites. 

La partie supérieure comporte une grande représentation d'allégories fémininessymbolisant les arts : la peinture, la musique, la sculpture, l'architecture, l'orfèvrerie... Après sa mort, la maison tomba petit à petit à l'abandon et sa fille pensa même l'abattre. La maison fut sauvée in extremis et classée en 1975. Guy Dessicy, un des cofondateurs du musée belge de la bande dessinée et compagnon de route d'Hergé l'acheta sur un coup de coeur et entreprit en 1990 de la restaurer remarquablement. 

 La maison est considérée comme l'une des plus belles oeuvres de la période Art nouveau à Bruxelles.Les sgraffites étaient à la mode, il y a cent ans. Dans les années 1890, les autorités bruxelloises organisèrent des concours de façades artistiques. La technique du sgraffito fut largement utilisée car elle rendait les dessins visibles de loin.  Proche de la technique de la fresque: on recouvre la façade d'un enduit clair, on gratte l'enduit encore humide pour faire apparaître le fond sous-jacent. On utilise aussi des feuilles d'or et des aplats de couleurs.  La maison Cauchie faillit même se transformer en musée Tintin. En 1979, en effet, au Palais des Beaux-Arts, où se tenait l'expo «Le musée imaginaire de Tintin», Guy Dessicy proposa à Hergé d'installer un musée dans la maison Cauchie. Mais cela ne se fit jamais, faute de financement. 

Et, avec Jean Breydel, Guy Dessicy créa le Centre belge de la bande dessinée, dans les grands magasins Waucquier dessinés par Horta.

L'intérieur de la maison Cauchie que des milliers de personnes visitent chaque année, comprend aussi de remarquables sgraffites dans le salon et dans d'autres pièces, des éléments de mobiliers et d'architecture inspirés par Mackintosh.

Pour fêter ses 100 ans, la maison Cauchie a préparé plusieurs expos: les oeuvres de l'épouse de Paul Cauchie, des gravures de Jacques Ralet et celles d'un calligraphe japonais. Mais pour pouvoir continuer à faire vivre cette maison (qui vient de subir d'importants travaux après des dégâts des eaux), l'ASBL et la maison Cauchie cherchent des aides, des partenaires et des mécènes. Guy Dessicy et son épouse ne peuvent continuer à tout assumer seuls.

«Maison Cauchie», 5 rue des Francs, 1040 Bruxelles. Ouverte au public le 1er week-end du mois de 11h à 13h et de 14h à 18h ou sur réservation pour les groupes. Renseignements au 02.673.15.06.


UN SGRAFFITE (O)

Création originale d’un sgraffiteur ou choisi sur catalogue en atelier, le motif est
reproduit à taille réelle sur un poncif ou un calque.
La surface du mur à décor
er est enduite de trois couches de mortier (constitué de sable et de chaux) superposées.

La première est une couche de ragréage. Une couche de couleur foncée teintée dans la masse est ensuite appliquée, suivie d’une couche plus claire et plus fine.

Le motif est reporté dans l’enduit frais selon la technique du poncif ou par tracé appuyé à travers un calque. Les contours du dessin sont aussitôt incisés à l’aide d’un grattoir afin de révéler la couche de mortier inférieure. Un sillon foncé délimite alors les différentes

surfaces du modèle qui sont ensuite mises en couleur.

Certains détails peuvent être rehaussés d’or.
Le nombre de couches et la composition du mortier, ainsi que la technique de mise en couleur, peuvent varier selon les ateliers.

Comme dans la technique de la fresque, le travail doit s'exécuter lorsque le mortier est humide, en une seule séance.
Technique décorative ancienne, le sgraffite a été redécouvert à Bruxelles à la fin du XIXe siècle. Il a connu un véritable succès jusqu’à la Première Guerre mondiale, plus particulièrement dans l’architecture Art Nouveau.
Présent sous forme de grandes frises sous la corniche et de panneaux sur les tympans, les allèges, au-dessus des linteaux de fenêtre et des
portes, il participe à la composition architecturale et au chromatisme de la façade.


Les motifs représentés peuvent être ornementaux ou figuratifs. Ils font appel à une vaste palette de couleurs, à un riche répertoire stylisé (végétal, animal, symbolique, historique, mythologique, féminin) et peuvent fournir des renseignements sur le bâtiment (fonction, année de construction) et
sur son propriétaire.

Voir aussi :