Boîte à outils

les boulevards centraux

La Senne. 

Vue prise rue des Teinturiers, vers l’amont.

Petite ville tranquille et provinciale, conservant encore une allure médiévale en plein XIXe siècle, Bruxelles va d’un seul coup profondément modifier sa physionomie*.  La Senne qui traversait encore la cité était devenue insalubre* et nauséabonde*.  Son cours capricieux était synonyme d’égout à ciel ouvert, d’inondations et de calamités.  Sur les berges de la rivière des commerces et  des industries s’étaient établies. Il s’agissait de moulins à papier et à grain, de mégisseries* et tanneries*, de brasseries et vinaigreries et autres fabriques d’indiennes.  Toutes ces industries puisaient à la Senne leurs eaux de lavage, soutiraient le liquide pour fabriquer leur bière, ou utilisaient le courant comme force motrice.  

En 1861, la province créait une  commission chargée d’étudier les moyens de remédier à la corruption des eaux de la Senne.  

Plusieurs options s’affrontent :

puce

la dépollution de la rivière jointe à l’organisation d’un réseau d’égouts indépendant du cours d’eau

puce

la rectification du cours de la Senne

puce

la dérivation par l’Ouest

puce

et enfin l’enfouissement de l’infâme cloaque*(étymologie).

C’est cette dernière solution qui sera retenue car la disposition naturellement anarchique de méandres et d’îlots va à l’encontre des rêves d’extrême rationalisation de l(espace urbain.

L’air, la lumière, l’hygiène, l’embellissement et les facilités de communication reviennent comme autant de refrains dans les discours. Ce que ces discours taisent c’est la fonction de maintien de l’ordre des voies de communication élargies et rectifiées.  L’établissement des rues permet aussi les charges de gendarmerie à cheval et la rectitude des boulevards autorise le tir au canons sur d’éventuels émeutiers.

 

Anpach et la Senne,caricature parue dans L'Espiègle le 8mars 1868(Archives de la ville de Bruxelles

 

 

 

 

 

 

 

En 1863, le bourgmestre Anspach propose d’entamer les travaux le plus rapidement possible.

La Ville de Bruxelles adoptera le projet de l’architecte Suys en 1865.

Les travaux commencèrent en 1867.  En 1871 la société anglo-belge chargée des travaux est déclarée faillie.  La Ville de Bruxelles reprend les travaux.  La Senne voûtée est inaugurée le 30 novembre 1871, alors que se poursuive les travaux vers Vilvorde et la finition des boulevards centraux..  Celle-ci comprend la construction des halles centrales, de la Bourse de commerce et des hôtels de maître et autre bâtiments privés qui participeront au concours des plus belles façades de 1872 à 1876.

Les travaux d'aménagement du collecteur d'égouts de la Bourse, vers 1867.

Coupe  transversale du voûtement de la Senne sous les boulevards centraux  de la Ville de Bruxelles. Les canaux extérieurs récoltent les eaux usées tandis que les canaux centraux renferment la Senne. Aux environs des années 50 , le cours de  la Senne a été modifié pour faire place  (dans les années 70).

Le lit de la  Senne  devient en 1872 l' axe des Boulevards Centraux

1: sortie au boulevard du jardin Botanique

 

 

 


2: place De Brouckère


3: port primitif de Bruxelles

 


4: la Bourse

 

 

5: la place Fontainas

 

 

6: la place Anneessens

 

En-deçà de cette carte , il y a l'entrée de la Senne  au boulevard du Midi.

http://www.brunette.brucity.be/lepage/eaufinal/LEPAGE2000/Phan/bxletlasenne.htm

La Grande Écluse

Au 11ème siècle, la Vieille Écluse, dite Spoy ou Spuy, comportait plusieurs portes et une écluse complétée par une seconde  au confluant des deux bras de la Senne au 14ème siècle.  La Grande Écluse figurait déjà sur les plans initiaux de la Ville de Bruxelles au 16ème siècle.  Lorsque le 24 février 1808, l'architecte Auguste Payen fit l'acquisition de la Grande Ecluse pour la  somme de 3 400 francs, il détruisit l'édifice à l'exception du mécanisme des vannes et de la voûte du rez-de-chaussée qui sont conservés pour la reconstruction d'un nouveau bâtiment achevé en 1840.  Malgré cette reconstruction  et dans un projet d'agrandissement, on décida de redémolir l'édifice et de l'aligner au boulevard.  Au 19 ème siècle, le côté extérieur du futur boulevard Poincaré présentait encore un paysage rural.  La Senne était bordée de champs et de grands arbres. Celle-ci entrait dans la ville. A cet endroit, la rivière pénétrait par une ancienne écluse, les habitants l'appelaient "la Grande Écluse " ou "Grote Spuy "(sise en plein boulevard du Midi actuel ). Cette "Grande Écluse" donna son nom à une place,  appelée de nos jours place de la Constitution. Cet endroit fut également nommé " Écluse des Blanchisseries ", car les habitants y séchaient leur linge. A l'emplacement de celle-ci , il y a aujourd'hui un restaurant dénommé " La Grande Écluse ".  La "Grande Écluse" comme "La Petite Écluse" servirent de magasins  à poudre. La Senne passait aussi en viaduc au-dessus d'un fossé choisi par tant de désespérés.