Inauguré
en 1561, sous l'occupation espagnole, le canal de Willebroeck est destiné,
au départ, à porter remède aux multiples entraves à la navigation sur la
Senne qui compromettent la prospérité du commerce bruxellois. Il aboutit
à l'intérieur de la seconde enceinte, près de la Grand-Place, où le port
se développe progressivement entre le 16ème et le 18ème
siècle.
Bassin
des Barques
Des
projets d'approfondissement visant à adapter son gabarit à la densité du
trafic et à la taille des navires qui l'empruntent voient le jour à la
veille de l'Indépendance alors que le canal de Charleroi est en cours de
construction.
Bassin
Ste Catherine
Il
faudra toutefois un siècle pour surmonter les obstacles à leur réalisation.
La priorité accordée au développement du chemin de fer qui bénéficie
d'avantages concurrentiels indus et occulte les atouts des voies navigables,
handicapées par des méthodes d'exploitation archaïques, est le principal
responsable de ce retard. S'y ajoute la rivalité des ports
concurrents, Anvers et Gand principalement, qui ne voient pas d'un bon oeil
le développement du port de Bruxelles. Plus ou moins complice de leurs intérêts,
l'État rechigne de son côté à apporter sa contribution financière aux
travaux, pourtant indispensables. Il se réfugie invariablement derrière le
statut de propriété communale des installations portuaires et du canal, hérité
d'un autre âge.
Le
rôle de capitale politique et économique de Bruxelles ne joue
paradoxalement pas en sa faveur. Pour une bonne partie de l'opinion, y
compris bruxelloise, il en fait davantage une ville de commerces et de
services qu'une cité industrielle. L'amélioration des voies de
communication ne changera rien à cette vocation, déjà présente à la fin
du 18ème siècle. Il faudra toute la détermination et la persévérance
à convaincre du Cercle des installations maritimes pour que la position de
Bruxelles, au centre d'un vaste bassin de transport à l'échelle européenne,
finisse par être reconnue, en même temps que le rôle central des voies
maritimes dans le développement économique de la région.
Le
principe des travaux acquis dès 1895, leur mise en oeuvre sera retardée
par les impondérables qui émaillent souvent les entreprises d'une telle
envergure. Les multiples modifications apportées aux plans définitifs, les
exigences formulées par la Ville de Bruxelles en compensation de son
intervention financière, la lenteur de l'Etat à accroître sa
participation une fois les caisses de la société du canal épuisées par
les travaux en cours, enfin les pertes infligées par la première guerre
mondiale apporteront chacun leur contribution à ralentir la marche des
travaux.
Bassin
de Beco
Leur
inauguration officielle, le 12 novembre 1922, suit de près de quinze ans
l'ouverture des nouvelles installations portuaires inachevées tant que le débouché
dans le Rupel n'était pas adapté. Depuis, les travaux d'agrandissement et
d'adaptation n'ont pas cessé sous la double pression de la croissance du
trafic et du tonnage des navires. L'ampleur des investissements consentis -
la création de l'avant-port, la gare routière, le complexe éclusier de
Zempst et le déplacement de l'embouchure à Hingene - joint à la
compression des crédits budgétaires affectés à leur réalisation
expliquent qu'ils ne soient pas encore achevés à ce jour.