Le
Mimivirus s’accroche à sa (nouvelle) branche
Image
d'un Mimivirus en microscopie électronique (grossi environ 200.000
fois). CNRS- D. Raoult, N. Aldrovandi
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Ses
découvreurs n’en démordent pas : le Mimivirus, un virus géant aux
caractéristiques inhabituelles, est bien issu d’une nouvelle branche du
vivant, s’ajoutant à celles des bactéries, des eucaryotes, et des
archaebactéries. L’équipe de Jean-Michel Claverie, chercheur au CNRS à
Marseille, a mis en évidence que le Mimivirus a conservé une grande homogénéité
au cours de son évolution et qu’il ne serait pas composé de gènes volés
ça et là, au hasard des rencontres.
Le séquençage de l’ADN de ce virus, publié il y a un an, a montré à
quel point il est atypique. Il possède notamment plusieurs gènes
permettant de synthétiser des protéines, du jamais vu chez un virus qui
utilise normalement la machinerie de son hôte pour faire ce travail.
Claverie et ses collègues proposent donc un nouvel embranchement pour cet
énigmatique virus. Ils émettent l’hypothèse d’une origine très
ancienne des virus à ADN, qui auraient évolué en perdant des gènes à
partir d’un organisme cellulaire ancestral.
Cette modification radicale de l’arbre du vivant ne fait pas l’unanimité.
Après tout, le Mimivirus pourrait s’être enrichi plus récemment en
empruntant des gènes à d’autres organismes. Cependant, l’équipe de
Claverie a découvert une importante homogénéité chez les gènes du
Mimivirus : la même séquence de nucléotides, présente dans la partie qui
régule leur expression, se retrouve chez la moitié de ses gènes.
Les chercheurs, qui ont publié ces résultats dans les PNAS, en
concluent que l’ADN du Mimivirus ne s’est pas constitué de façon aléatoire
mais qu’il a évolué en conservant une grande homogénéité.
Cécile Dumas
(17/10/05)
http://sciences.nouvelobs.com/sci_20051017.OBS2492.html
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