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N°3 octobre 2005

L'avenir se jouera au millionième de millimètre...

Nanomonde, maxi-angoisse

L'infiniment petit et la formidable révolution technologique qu'il devrait permettre fascine les chercheurs. Mais suscite déjà l'hostilité radicale de mouvements contestataires

 

Bienvenue dans le nanomonde : les scientifiques sont désormais en mesure de manipuler les atomes un par un, telles des pièces de Lego. Et de les assembler au gré de leurs fantaisies. A l'échelle du millionième de millimètre, c'est un nouvel univers qui s'ouvre, riche d'applications fantastiques : à ce niveau ultra-lilliputien, la matière affiche des propriétés incroyables et obéit aux lois étranges de la mécanique quantique. On éprouve le sentiment vertigineux de pouvoir tout faire, voire de refaire le monde. Ainsi, à Besançon, lors des toutes récentes « Journées nationales de Micro-Nanotechnologies et Nanosciences » (10-12 octobre), les spécialistes français ont à nouveau passé en revue les prouesses attendues. Dans les grandes revues scientifiques, le nombre des publications consacrées aux nanosciences explose. Les Etats-Unis, le Japon, et l'Europe aussi, investissent des milliards de dollars dans de telles recherches. Le CNRS et le CEA réorganisent en urgence leurs laboratoires. Et tous les observateurs sont sûrs d'une chose : nous assistons aux débuts d'une formidable révolution technologique. Or voici que, à peine entrevue, encore inconnue du grand public, celle-ci se heurte à l'hostilité radicale de mouvements contestataires qui la rejettent en bloc.
Elles sont pourtant bien belles, et riches de promesses, les nanosciences et les technologies de l'infiniment petit ! D'ailleurs, déjà, les capteurs de chocs de nos airbags ou les têtes d'injection de nos imprimantes à jet d'encre font appel à des nanotechnologies, mais nous n'avons encore rien vu. On attend en effet, pour commencer, des matériaux cent fois plus résistants et six fois plus légers que l'acier, qui vont révolutionner l'automobile et l'aéronautique ; des plastiques électriquement conducteurs, qui pourront être mis en peinture par des procédés électrostatiques, sans recours à des solvants nocifs ; des textiles ignifuges, ou antitaches, ou qui ne mouillent pas. Ensuite, on peut s'attendre à des raquettes de tennis formidables, à des nanoparticules capables de piéger dans les eaux usées tous les polluants, à des procédés chimiques très doux et économes, à des mémoires informatiques de capacité quasi infinie, à des moteurs et autres machineries microscopiques, à des capteurs biologiques susceptibles de détecter la moindre maladie, à des médicaments qui iront se fixer sur leur cible, etc. D'ailleurs, d'ici à dix ans, selon la National Science Foundation américaine, les biens et services liés aux nanotechnologies devraient générer un marché de mille milliards de dollars...

Fabien Gruhier 

http://www.nouvelobs.com/articles/p2136/a280160.html