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LE BIGEHI Feuillet d'informations scientifiques et historiques |
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N°18 février 2006 |
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Grippe aviaire
Audrey Pinson et Frédéric Lewino Tout
savoir sur le virus de la grippe aviaire et l
a possibilité qu'il a de se
muer en virus capable de créer une pandémie. Les
virus de la grippe appartiennent à une famille nombreuse. Certains (genres
B et C) fréquentent quasi exclusivement les organismes humains. D'autres
(genre A) préfèrent nettement les volatiles (poulet, dinde, oiseaux d'eau,
surtout), mais à l'occasion ne dédaignent pas de séjourner chez certains
mammifères, comme l'homme ou le porc, les félins et les petits carnivores.
Les
virus responsables de la grippe aviaire (ou grippe du poulet) se distinguent
entre eux par la nature de deux protéines présentes à leur surface : l'hémagglutinine
(H) et la neuraminidase (N). Il existe Sa
transmission d'un animal à l'autre se fait très facilement par
contamination aérienne, par ingestion des sécrétions respiratoires et des
matières fécales. Alors que les virus de la grippe humaine ne contaminent
que les voies respiratoires de sa victime, ses cousins aviaires s'immiscent
dans tous les organes ! Qu'attend
H5N1 pour s'en prendre directement à l'homme ? Pour
l'instant, les personnes contaminées, une centaine, sont des éleveurs ou
des vendeurs de volailles ayant été en contact étroit avec les animaux
malades. C'est en respirant la poussière de matière fécale ou les sécrétions
respiratoires qu'ils ont absorbé le virus de la grippe aviaire. Pour
l'Organisation mondiale de la santé (OMS), aucune preuve formelle de
contamination d'homme à homme n'a encore été fournie. Pourtant, dans au
moins trois cas, le doute est fortement permis. A Hongkong, en 1997, entre
un malade et un médecin ; en Thaïlande, en 2004, entre deux frères ; au
Vietnam, en 2004, entre une mère et sa fille. Pour
l'instant, le virus H5N1 n'est donc pas capable de se développer facilement
dans les cellules humaines, mais il ne demande qu'à apprendre. Il lui
suffirait de rencontrer, chez l'homme ou le porc, un virus de la grippe
humaine pour enfanter un véritable tueur. Celui-ci
cumulerait la contagiosité du virus de la grippe humaine et des protéines
de surface du virus de la grippe aviaire contre lesquels les cellules
humaines n'ont pas eu le temps de développer des anticorps. Tous les
experts s'accordent pour dire que ce scénario catastrophe est inévitable.
Question de délai. Quels
symptômes chez l'homme ? Après
une incubation pouvant durer sept jours, la maladie démarre comme une
grippe banale (fièvre supérieure à 38 °, maux de gorge, douleurs
musculaires, toux), puis s'aggrave spectaculairement avec des troubles
respiratoires. Il n'y a pas de test de diagnostic spécifique à la grippe
aviaire. Elle tue 60 % de ses victimes. Quel
bilan à ce jour ? Au
20
cas, dont 7 décès, à Hongkong 4 décès au Cambodge 17 cas, dont 12 décès,
en Thaïlande 90 cas, dont 40 décès, au Vietnam, et plusieurs cas en cours
d'investigation. 1 décès avéré en Indonésie (2 autres probables). Les
pays asiatiques sont-ils capables d'enrayer une épidémie parmi les
volatiles ? La
réponse est clairement : non ! Réunis à Kuala Lumpur en juillet, des
experts de l'OMS, de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et
l'agriculture (FAO) et de l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE)
ont dressé la liste des mesures à prendre par les pays infectés pour réduire
le risque d'épizootie et de contamination humaine. Avant qu'elles ne soient
adoptées strictement, H5N1 a encore de beaux jours devant lui. Les millions
d'éleveurs de volailles asiatiques restent encore très mal informés, la
plupart continuant à élever ensemble poulets, cochons et canards. Par
ailleurs, ils rechignent souvent à signaler les maladies pour éviter
l'abattage et ses conséquences financières. Aussi les experts réclament-ils
un système d'indemnisation (déjà existant en Thaïlande) pour encourager
les fermiers à déclarer les cas suspects. La vaccination des animaux, qui
est efficace, est encore loin d'être pratiquée systématiquement. Il
faudrait améliorer les conditions sanitaires déplorables des marchés aux
volailles, favorisant la propagation de l'épidémie. « Nous n'avons pas
d'illusion sur la difficulté à appliquer ces recommandations », note
le docteur Shigeru Omi, directeur régional de la région Pacifique Ouest de
l'OMS. Le plan préconisé par les experts de Kuala Lumpur est estimé à
100 millions de dollars. D'où
vient la pandémie ? La
plupart des experts s'accordent pour dire qu'une pandémie est inévitable
et probablement imminente. Des équipes américaines et britanniques l'ont
simulée sur ordinateur. Dans le pire des scénarios, l'hécatombe vaut
celle de la grippe espagnole de 1918, à savoir entre 20 et 40 millions de
morts. Pourtant, la pandémie pourrait être stoppée à temps, à condition
de réagir immédiatement. Ce qui signifie pouvoir identifier le nouveau
virus avant qu'il ne fasse une trentaine de victimes. Puis administrer immédiatement
un traitement antiviral à quelque 20 000 personnes vivant dans l'entourage
des malades. Le docteur Ira Longini, de l'université d'Atlanta, a posé
l'hypothèse de l'apparition d'un virus pathogène pour l'homme dans une
population rurale de 500 000 personnes en Thaïlande. La pandémie pourrait
être enrayée à condition de pouvoir distribuer en moins de vingt et un
jours 350 000 traitements antiviraux et que chaque malade n'infecte pas plus
de 1,4 personne en moyenne. Au-dessus, il faudrait décréter une
quarantaine, obligeant la population à rester chez elle pour stopper l'épidémie.
Le 11 août, les douze pays asiatiques en première ligne décidaient de
constituer un stock régional d'antiviraux pour réagir à la moindre
alerte. Leurs gouvernements ont demandé au laboratoire Roche l'autorisation
de fabriquer des génériques du Tamiflu. Toujours en négociation. A
quand un vaccin pour l'homme ? Un
vaccin efficace ne pourra être fabriqué que lorsque la souche du virus
responsable de la pandémie sera connue. Ce qui implique un délai de
plusieurs mois pour isoler la souche, élaborer un vaccin et, enfin, le
produire en quantité suffisante. Néanmoins, pour gagner du temps, d'ores
et déjà, des études cliniques portent sur la souche de la grippe aviaire
H5N1. Ainsi, quand la pandémie se déclarera, il n'y aura plus qu'à
appliquer la méthode avec le nouveau virus tueur. En France, Sanofi Pasteur
a débuté au mois de mai des tests sur trois cents adultes sains. Les résultats
sont attendus pour la fin de l'année. Pour
ceux qui se posent la question, précisons que le vaccin contre la grippe
humaine est totalement inefficace contre la grippe aviaire. Les
traitements antiviraux sont-ils efficaces ? Les
seules armes actuellement disponibles pour combattre un virus de la grippe
aviaire s'attaquant à l'homme sont les molécules antivirales, dont
l'efficacité est variable. Seules deux d'entre elles ont des autorisations
de mise sur le marché, l'oseltamivir (Tamiflu, fabriqué par Roche, 24,91
E) et le zanamivir (Relenza, élaboré par GlaxoSmithKline). Néanmoins, le
Tamiflu s'avère plus universellement efficace et plus facilement
administrable. Ces molécules servent surtout pour traiter un organisme
malade. Contrairement à un vaccin, l'antiviral ne protège pas à long
terme. Peut-on
continuer à manger du poulet et du canard ? En
l'état actuel des connaissances, la contamination par la nourriture bien
cuite est exclue. L'Agence française de sécurité sanitaire des aliments
(Afssa) poursuit une étude sur le risque lié à la consommation de viande
crue. A la rigueur, seuls les volaillers chargés d'enlever les plumes de
l'animal pourraient attraper la grippe. Et encore... Recommandations
aux voyageurs Aujourd'hui,
l'OMS ne préconise aucune restriction de déplacement. Simplement, le
ministère de Doit-on
craindre une arrivée dans l'Hexagone du virus aviaire par les oiseaux
migrateurs ? A
ce jour, l'Afssa considère le risque de « faible à négligeable ».
D'après Les
responsables du dossier aux Nations unies sont plus réservés. Ils évoquent
une possible importation du virus par des oiseaux venant du sud de http://www.lepoint.fr/dossiers_sciences/document.html?did=167258 |
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