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N°6 février 2005

  ACTUALITÉ

Une bouffée d'énergie d'une puissance inédite observée

Les scientifiques s'unissent pour comprendre la disparition de la mousson africaine

Le champignon et la fourmi à la vie à la mort

Boire du café diminue les risques de cancer du foie

Une bouffée d'énergie d'une puissance inédite observée

 dans la Voie lactée

LEMONDE.FR | 18.02.05 

Aspect du champ magnétique d'un magnétar

http://www.astrosurf.com/lombry/diversite-etoiles6.htm

Cette bouffée d'énergie provient selon les chercheurs d'un sursauteur gamma connu - un magnétar -, ces étoiles à neutrons au formidable champ magnétique, dans la constellation du Sagittaire.

Une brève "bouffée" de rayonnements de très haute énergie - de rayonnements gamma, puis de rayonnements X -, d'une puissance jamais vue jusqu'ici, a été détectée dans la Voie lactée fin décembre par plusieurs observatoires spatiaux, ont annoncé vendredi 18 février de nombreux organismes de recherche, dont la NASA.

Le compte rendu des premières observations et analyses de ce gigantesque "éclair" de rayonnements gamma, fait par une équipe internationale conduite par Kevin Hurley, de l'université de Californie, à Berkeley, a été soumis pour publication à la revue britannique Nature.

L'énergie produite en deux centièmes de seconde lors de cet éclair, le 27 décembre, a été supérieure à ce que le Soleil a produit en 250 000 ans. Cette bouffée d'énergie mille fois plus importante que les plus brillantes supernovae (explosions d'étoiles massives) provient, expliquent les chercheurs, d'un sursauteur gamma connu, SGR 1806-20 (SGR pour "Soft Gamma Ray"), qui est vraisemblablement un magnétar, ces étoiles à neutrons au formidable champ magnétique. SGR 1806-20 se trouve dans la constellation du Sagittaire, à 50 000 années-lumière. Selon certains chercheurs américains qui ont analysé l'émission radio de son "flash" du 27 décembre, il ne serait toutefois qu'à 30 000 années-lumière.

Les sursauteurs gamma mous sont des étoiles à neutrons - des résidus d'étoiles d'une masse supérieure à une fois et demie celle du Soleil, qui ont explosé en supernovae - émettant à intervalles plus ou moins réguliers de brèves et intenses bouffées de rayonnement gamma de basse énergie.

MAGNÉTARS

Quant aux magnétars, nouveaux venus dans le monde des objets célestes, théorisés au début des années 1990 par Robert Duncan, de l'université du Texas, à Austin, et Christopher Thompson, de l'université de Caroline du Nord, à Chapel Hill, ce seraient des étoiles à neutrons pourvues d'un champ magnétique considérable.

Lors de leur naissance, certaines de ces étoiles à neutrons, en raison de leur grande vitesse de rotation, engendreraient un puissant champ magnétique (de l'ordre de 800 millions de millions de gauss, alors que le champ magnétique terrestre est de moins de 1 gauss et celui du Soleil de 10 gauss). En quelques milliers d'années, l'énergie de ces astres serait "pompée" par leur champ magnétique, ce qui réduirait leur vitesse de rotation à un tour toutes les cinq ou dix secondes : on aurait alors affaire à un magnétar. Les sursauteurs gamma mous, ont avancé ces dernières années des théoriciens, seraient des magnétars. 

 

 

Les scientifiques s'unissent pour comprendre la disparition de la mousson africaine

LE MONDE | 19.02.05 |

http://www.ilesdepaix.org/sud/auton/kalakad/mousson.html

Sans bien s'en rendre compte, le monde a sous les yeux, depuis une trentaine d'années, l'exemple le plus édifiant des ravages que peut provoquer le réchauffement climatique. La sécheresse dans les pays du Sahel, en Afrique de l'Ouest, due à la raréfaction de la mousson africaine qui les irrigue chaque été, a durablement désorganisé la vie de ses habitants. Elle a modifié les paysages, rétréci considérablement le lac Tchad, tari certaines années le fleuve Niger à Niamey (Mali) et craquelé les sols. En fragilisant l'agriculture et la société rurale, elle a créé des migrations qui ont gonflé les flux vers le Nord ou pu contribuer à la déstabilisation politique de pays comme la Côte d'Ivoire. Au-delà de la menace permanente de famine, elle a renforcé certaines épidémies meurtrières facilitées par la vigueur de l'harmattan, le vent du nord chargé de poussières qui ne se heurte plus au barrage des orages d'été.

 

Étrangement, cette sécheresse d'une ampleur unique au XXe siècle a connu son heure de gloire médiatique, au début des années 1970, puis s'est effacée progressivement des préoccupations publiques alors que l'opinion commençait à prendre conscience des enjeux du réchauffement.

"Aujourd'hui, on parle beaucoup plus des risques, indéniables, qui pèsent sur la forêt amazonienne que des dégâts au Sahel", regrette Jean-Luc Redelsperger, directeur de recherche au Groupe d'étude de l'atmosphère météorologique (CNRS, Météo-France), et responsable du programme scientifique de l'Analyse multidisciplinaire de la mousson africaine (AMMA) lancé officiellement à Paris, vendredi 18 février. Plus de 60 laboratoires européens, africains et américains participent à ce projet dont l'objectif est de mieux prévoir, et de mieux faire connaître, ces pluies cycliques qui ne bénéficient pas de la notoriété de leurs sœurs d'Asie (la famille compte aussi des lointaines cousines en Australie et en Amérique du Sud).

Lorsque tout fonctionne correctement, la mousson africaine se forme au mois de juin et dure jusqu'à septembre. Le continent, surchauffé, aspire les masses d'air qui se sont chargées d'humidité au-dessus du golfe de Guinée.

Les systèmes orageux, appelés lignes de grains, traversent les pays côtiers pour se déverser, en juillet et août, au-dessus du Tchad, du Niger, du Mali ou de la Mauritanie, aux lisières du Sahara. Des rivières éphémères se forment qui n'auront pas la force d'atteindre les fleuves. Pour les végétaux du Sahel, ces précipitations sont d'autant plus cruciales que plus une goutte ne tombera durant le reste de l'année.

Les scientifiques ont une idée assez précise de ce qui dérègle ce mécanisme depuis plus de trente ans, même si certaines années demeurent très pluvieuses. Il y a d'abord le réchauffement très net des eaux du golfe de Guinée, lié au mouvement plus global qui frappe la planète. Le contraste de température avec le continent a ainsi tendance à s'estomper l'été et à amoindrir les flux vers les terres. L'autre cause est la déforestation qui sévit depuis plu sieurs décennies dans certains pays de la côte. "En Côte d'Ivoire, par exemple, cela a pris des proportions impressionnantes, explique M. Redelsperger. Or la forêt est une immense réserve d'eau qui contribue fortement à humidifier et à réchauffer les masses d'air".

Son recul affaiblit encore la mousson et boucle un cercle vicieux (moins de pluie, donc moins de forêt) qui ne fait qu'accélérer le mouvement général.

Cette désorganisation a fini par rendre la mousson africaine particulièrement erratique. Or la pénurie d'eau donne aux prévisions fiables une importance encore plus vitale, ne serait-ce que pour les agriculteurs. "S'ils plantent leur mil trop tôt, et que les premières pluies n'arrivent pas, les graines sont perdues", dit M. Redelsperger.

En mobilisant des experts de toutes disciplines - météorologie, agronomie, médecine, hydrologie, socio-économie, etc. - AMMA va tenter de mieux comprendre ces fluctuations, dans une zone cruciale pour l'équilibre climatique de la planète. Pour les promoteurs français du projet, le plus compliqué n'aura pas été de "faire bouger ces communautés scientifiques qui n'ont pas l'habitude de travailler ensemble", estime M. Redelsperger.

La course aux financements a absorbé beaucoup d'énergie, et ne garantit pas que les scientifiques des pays africains, très volontaires mais pénalisés par des budgets dérisoires, puissent prendre le relais des observations pour être en mesure de prévoir, à leur tour, l'arrivée d'une mousson de plus en plus ténue.

Jérôme Fenogliol

 

 

Entomologie. Des chercheurs danois découvrent dans les excréments de l'insecte le secret de leur pacte.
Le champignon et la fourmi à la vie à la mort
pixPar Corinne BENSIMON
 Liberation - 
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L'histoire naturelle que livre cette semaine la revue américaine Science (1) devrait faire les délices des écoles de commerce. Elle illustre en effet à merveille les bénéfices et risques des contrats dits «gagnant-gagnant», vendus sous le qualificatif irrésistible de win win, et définis dans le dictionnaire du management comme «le résultat d'une négociation favorable à chacune des parties». Les «parties» contractantes pré sentées ce vendredi dans Science sont en l'occurrence un champi gnon du genre des Lepiotaceae et une fourmi de l'espèce Acromyrmex, tous deux vivant communément sur le sol sud-américain et parfois dans des laboratoires de recherche étrangers (lire ci-dessous).

Fascinante. Les scientifiques s'intéressent en effet depuis cent vingt ans à ce végétal et à cet animal qui, pris séparément, n'ont rien d'une curiosité naturelle : la fourmi longue d'un centimètre vit sa vie sociale comme n'importe quelle fourmi, et le champignon crache ses filaments souterrains de façon ordinairement fongique. En revanche, les deux forment un couple d'une fidélité fascinante, puisque leur union fête ses 50 millions d'années. Union très agricole, puisque, depuis ce temps-là, la fourmi cultive et bichonne le champignon. Elle va aux champs, coupe des feuilles ­ au désespoir des agriculteurs humains­, les mâche, les empile en une couche propice à la propagation du champignon, qu'elle engraisse avec ses déjections et dont elle soigne même les infections par une friction de son thorax où loge une bactérie productrice d'antibiotique... En échange de ces bons soins, le champignon héberge les larves de la fourmi et leur prodigue des sucs essentiels. L'un et l'autre vivent de l'autre et ne peuvent vivre sans l'autre ­ ces deux espèces n'existent jamais qu'ensemble. Leur liaison est clairement régie par un contrat gagnant-gagnant, fondement d'une de ces torrides symbioses (du grec «vie ensemble») dont la nature fourmille.

Toutefois, cette symbiose-là a quelque chose d'extraordinaire qui n'a pas manqué d'exciter la curiosité des écologues depuis quelques années. Elle est de «très haute fidéli té». Elle unit non seulement une espèce à une autre, mais une lignée d'une espèce à une lignée de l'autre, et cela de génération en génération : en effet, une famille de fourmi champignonniste cultive toujours une seule souche de champignon à la fois, celle qu'a apportée la reine et qu'elle tient de son nid de naissance, autrement dit de sa mère. En théorie, les fourmis pourraient cultiver n'importe quelle souche rencontrée en chemin : elle nourrirait tout aussi bien les larves ; or elles pratiquent la monoculture de la souche ancestrale. Quel est donc le secret de cette fidélité ? Michael Poulsen et Jacobus Boomsma de l'université de Copenhague (Danemark) livrent la clé de l'affaire dans Science. Le lien est scatologique.

Interaction. Les deux chercheurs démontrent en effet en quatre expériences que les fourmis excrètent, dans leurs déjections, une enzyme de champignon qui a pour effet d'empêcher toute autre souche de pousser à proximité. Mieux, elles balaient tout excrément issu de la consommation d'une souche étrangère, écartant ainsi le développement de tout «compétiteur» végétal. De fait, les fourmis sont sous le contrôle de la souche de champignon qu'elles cultivent, estiment les chercheurs ­ une situation peu ordinaire, on en conviendra, en agriculture. Cependant, les fourmis tirent profit de leur perte de liberté, dans la mesure où le champignon nourrit leurs larves. «Il y a toujours un prix à payer pour vivre en symbiose», note Claude Combes, professeur émérite à l'université de Perpignan, grand spécialiste des associations entre espèces. «Ce prix est parfois plus lourd pour l'un des partenaires. Mais ce qui importe, pour que dure la symbiose, c'est que chacun y trouve, in fine, un bénéfice net». On se souviendra donc, dans les écoles de commerce, que le contrat gagnant-gagnant n'est pas toujours donnant-donnant, mais qu'il est parfois chèrement payé.

(1) Science du 4 février 2005.

 

 

Boire du café diminue les risques de cancer du foie
AFP

Boire du café régulièrement réduit de moitié les risques de cancer du foie, selon une étude réalisée au Japon sur plus de 90.000 personnes et publiée mercredi aux Etats-Unis dans le Journal of the National Cancer Institute.

Ayant observé des propriétés anti-cancéreuses de la caféïne sur des animaux de laboratoire, une équipe de chercheurs japonais a analysé un rapport sur la santé publique portant sur une période de dix ans qui leur a permis d’établir la consommation de café d’un groupe étendue de personnes dont la moitié était atteint d’un cancer du foie.

Ils ont découvert que ceux ne buvant jamais ou presque du café étaient davantage atteint par un cancer du foie avec 547,2 cas pour 100.000 personnes que le groupe témoin consommant de 3 à 4 tasses par jour avec seulement 214,6 cas pour 100.000.

La rapport de santé publique a porté sur 90.452 japonais (43.109 hommes et 47.343 femmes) âgés de plus de 40 ans.

Outre la consommation de café, d’autres facteurs ont été pris en compte par ces chercheurs comme une infection avec le virus de l’hépatite, le sexe, l’âge, les habitudes alimentaires et des antécédents de maladie du foie, ont précisé ces chercheurs.

Contact  M. Lecocq

Courriel  : lecocq_andre@yahoo.fr