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 N°4 décembre 2004

  ACTUALITÉ

Les avions peuvent affecter directement les températures

Vraiment magiques, les probiotiques?

Vous êtes un poulet

Les hiéroglyphes déchiffrés il y a 1000 ans

Actualité

 

Les avions peuvent affecter directement les températures
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Les avions peuvent, sous certaines latitudes, affecter directement les températures, relève l’Institut français de l’environnement (IFEN) vendredi, en citant l’exemple du ciel «vide d’avion» pendant trois jours après les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. 

La vapeur d’eau des avions contribue directement à l’effet de serre. En air froid, elle peut se transformer en cristaux de glace et prendre la forme de traînées de condensation (contrails). Ces traînées ont un effet localisé et à court terme, mais peuvent entraîner une hausse des températures importante du fait de la concentration du trafic aérien dans des régions propices, comme aux Etats-Unis. 

Ainsi, le ciel «vide d’avion» après les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis a confirmé des hypothèses des experts qui travaillent sous l’égide de l’ONU. En l’absence de trafic aérien, l’écart entre les températures nocturnes et diurnes s’est creusé de 1 à 2 degrés sur l’ensemble des Etats-Unis. 

En temps normal, les traînées et les cirrus produits par la vapeur d’eau des avions amoindrissent cet écart, en réduisant la perte de chaleur la nuit, et en filtrant le rayonnement solaire de jour. 

L’avion a d’autres impacts de fond sur le climat, relève l’IFEN. Chaque kilogramme de kérosène brûlé libère 3,15 kg de gaz carbonique ou CO2, le principal gaz à effet de serre responsable du changement climatique. 

En 2000, les ventes mondiales de kérosène ont libéré 550 millions de tonnes de CO2, soit 2,5% des émissions mondiales de ce gaz induites par les énergies fossiles (gaz, charbon, pétrole). 

Les longs courriers volant à l’altitude de croisière (9 à 13 km) et à la latitude des Etats-Unis émettent aussi des oxydes d’azote aux limites de la troposphère et de la stratosphère, qui réagissent rapidement et ont un impact sur l’effet de serre. Ils sont à la fois réchauffant (par la formation d’ozone) et refroidissant (par la dégradation du méthane).

 

Vraiment magiques, les probiotiques?
L.D.

Pour pouvoir prétendre à cette appellation, plusieurs conditions sont requises.
Il s'agit de micro-organismes vivants (bactéries ou ferments) qui, ingérés en quantité suffisante, procurent un bénéfice sur la santé de l'hôte.
C'est la définition de l'OMS.

 

A l'heure où les petites fioles de plastique pullulent aux rayons des produits lactés des grands magasins, sans doute n'est-il pas inutile de se pencher sur ce que renferment au juste ces potions aux vertus prétendument magiques.

Les probiotiques (de pro, positif, en faveur de, et bios, vie) ont été officiellement définis en 2002 par l'Organisation mondiale de la santé comme «des micro-organismes vivants (appelés aussi bactéries ou ferments) qui, ingérés en quantité suffisante, procurent un bénéfice sur la santé de l'hôte». 

Bienfaits de longue vie

Si dans la Bible déjà, on trouve des allusions aux bienfaits du lait fermenté, excellent pourvoyeur de probiotiques, au début du siècle dernier, le Pr Ellie Metchnikoff, directeur de l'Institut Pasteur et Prix Nobel de Médecine en 1908, émet l'hypothèse que la longévité de certains peuples comme les Bulgares, les Turcs ou les Arméniens, pourrait être liée à leur alimentation, particulièrement riche en lait fermenté, ancêtre du yoghourt. C'est en effet dans celui-ci que le chercheur identifiera deux bactéries, le Streptococcus thermophilus et le Lactobacillus bulgaricus, auxquelles il n'hésitera pas à attribuer des bienfaits de «longue vie».

Bien que différentes souches de probiotiques existent, avec chacune leur activité spécifique, la plupart de ceux qui sont aujourd'hui décrits appartiennent aux genres lactobacilles ou bifidobactéries.

Cela dit, tous les Lactobacillus casei, par exemple, ne sont pas des probiotiques car ils ne sont pas doués d'une faculté de survie et ne possèdent pas d'effet bénéfique sur la santé de l'hôte.

Pour exercer leurs effets bénéfiques, les probiotiques doivent effectivement arriver vivants et en quantité suffisante sur le lieu d'action, en l'occurrence le tube digestif et plus particulièrement l'intestin (grêle et côlon). Ils n'agissent que le temps du passage dans l'intestin, raison pour laquelle il est recommandé d'en consommer régulièrement.

Ils peuvent encore ne pas répondre à l'appellation «probiotiques» si leur effet bénéfique potentiel n'a toujours pas été démontré à ce jour.

Des effets à trois niveaux

Quant aux effets attendus des probiotiques, ils se situent à trois niveaux. En premier lieu, ces bactéries vivantes peuvent influencer positivement la composition et le fonctionnement de la flore intestinale, pour autant qu'elles soient présentes dans l'intestin à une concentration élevée de l'ordre de 108 unités formant colonie (ou bactérie) par gramme.

En second lieu, les probiotiques sont capables de modifier la couche de mucus qui recouvre la muqueuse intestinale et de renforcer l'intégrité de cette barrière cellulaire. De plus, en stimulant la synthèse par les cellules muqueuses de substances bactéricides, les probiotiques pourraient participer à la lutte contre les agressions par des bactéries pathogènes.

Enfin, que ce soit directement ou par l'intermédiaire de la flore intestinale, les probiotiques semblent pouvoir influencer le système immunitaire.

© La Libre Belgique 2004

 

Vous êtes un poulet  

 Agence Science-Presse

Pas moins de 60% des gènes de poulets ont leurs équivalents chez nous. La première analyse complète du génome de cette bestiole, parue la semaine dernière dans la revue Nature, confirme notre parenté. 

  Parenté lointaine, certes: le dernier ancêtre commun entre les gallinacées et nous aurait vécu il y a 310 millions d'années. Soit avant l'apparition des mammifères, de sorte que ce génome –le premier génome complet d'un volatile– devrait aider à comprendre quand et pourquoi les mammifères ont perdu certains gènes. 

Le Consortium international de séquençage de la poule regroupait 170 chercheurs dans 49 laboratoires de la planète. En apprenant à mieux comprendre ces différents génomes –la liste s'établit maintenant à plusieurs centaines, dont une majorité de bactéries– on comprend mieux, petit à petit, notre propre bagage génétique.  

Déjà, l’analyse préliminaire montre que les humains ont des gènes similaires à ceux qui, chez les poulets, se rapportent aux protéines de la coquille de l’oeuf. Chez l’homme, ces gènes jouent probablement un rôle dans la formation des os, spéculent les chercheurs. 

Mais à plus court terme, les scientifiques s’attendent à ce que le génome des poulets les aide à étudier la grippe aviaire, une maladie qui pourrait un jour développer une variante humaine.

 

 

Les hiéroglyphes déchiffrés il y a 1000 ans  

Agence Science-Presse

L’histoire nous apprend que c’est le Français Jean-François Champollion qui a déchiffré le premier, en 1822, les hiéroglyphes égyptiens. Sauf que si l'Europe avait été moins repliée sur elle-même, elle aurait pu les déchiffrer bien plus tôt... puisque les Arabes y étaient parvenus 1000 ans auparavant!

L'égyptologue Okasha El Daly, de l’Institut d’archéologie du Collège universitaire de Londres, vient en effet de découvrir des documents qui prouvent que les savants arabes avaient percé le mystère des hiéroglyphes égyptiens dès le IXe siècle.

Les hiéroglyphes mystifiaient les savants européens depuis un long moment, jusqu'à la découverte de la pierre de Rosette lors de l’expédition militaire de Napoléon en Égypte. Cette pierre comprenait une inscription en trois langues, dont le grec ancien et l'égyptien, ce qui avait fourni à Champollion la clef. 

    C’est dans des manuscrits non catalogués et écrits en arabe, répartis dans des collections privées et publiques un peu partout dans le monde, que le docteur Daly a conclu, au terme d'une recherche fastidieuse de sept ans, que les érudits arabes du Moyen âge avaient suivi le même chemin. Selon lui, ces documents sont restés si longtemps dans l’oubli pour la banale raison que les spécialistes des études arabes et islamiques n'avaient pas saisi l’intérêt que ces manuscrits avaient pour l’égyptologie. Quand aux égyptologues occidentaux, trop eurocentristes, ils ne croyaient tout simplement pas que les Arabes auraient pu s'intéresser eux aussi à l'Égypte ancienne. 

Les découvertes du docteur Daly seront publiées dans un livre d’ici la fin de l’année. Les précieux manuscrits des savants arabes vont permettre de faire avancer les études sur l’ancienne Égypte, et pourront en outre dissiper un peu les préjugés des scientifiques occidentaux à propos de la science islamique...

 

Comment rattraper le temps qui file?  

Agence Science-Presse

Le temps présent et notre conscience ne sont pas au diapason. En fait, nous prenons conscience de la réalité seulement une fois qu’elle est passée et notre décalage n’est pas mince : une demi-seconde de retard.

C’est du moins l’avis de Benjamin Libet, un neurobiologiste qui a consacré sa vie à l’étude de la conscience. Dans son dernier ouvrage, Mind Time : The Temporal Factor in Consciousness, il raconte comment il en est parvenu à démontrer que nous n'avons aucune chance de rattraper le temps qui file. 

En posant des électrodes sur le cortex somatosensitif de patients éveillés (la région où circulent les informations sensorielles relayées dans le reste du corps), Libet a provoqué, à l’aide d’un faible courant électrique, des sensations à la surface de la peau pendant différents laps de temps. Le chercheur a remarqué qu’en diminuant la durée des impulsions, les patients détectent moins les stimuli et en deçà de 500 millièmes de seconde, ils ne ressentent plus rien. 

Cela signifie que pour qu’un événement dépasse le seuil de l’inconscience, le temps joue un rôle clé. Il faut, littéralement, une demi-seconde pour qu'un stimuli passe de l'inconscient à la conscience. 

C'est la raison pour laquelle l'athlète qui veut courir les 100 mètres en moins de 9,78 secondes (le record mondial), doit s’entraîner à quitter le bloc avant même d’être conscient d’entendre le coup de départ. En revanche, un automobiliste n’aura pas le loisir d’exercer son inconscient à éviter des obstacles soudains –quoique, une demi-seconde pour réagir, c'est tout de même de la très haute vitesse !