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LE BIGEHI Feuillet d'informations scientifiques et historiques |
N°2 octobre 2004 |
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Brève |
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ActualitéTéléphone portable : risque accru de tumeur à l’oreille
L’’utilisation
du téléphone mobile pendant au moins dix ans augmente le risque de neurome
acoustique
-une tumeur bénigne de l’oreille- selon une étude menée en Suède par
l’Institut de médecine environnementale (IMM) de l’Institut Karolinska.
La tumeur se développe du côté où l’utilisateur colle son téléphone
à son oreille. Ces
bactéries de feu figées dans le froid Une équipe franco-russe résout l'énigme.
«Un
scénario solide.» Pour Jean-Robert Petit, l'énigmatique découverte
de son équipe franco-russe de l'ADN de bactéries thermophiles (aimant
la chaleur) dans le lac Vostok, enclavé sous près de 4 km de glace au cœur de l'Antarctique a
trouvé une explication qui «tient la route» (1). En fait, cet ADN
aurait une origine externe. Et Vostok, le plus vaste lac sous-glaciaire
connu, serait «complètement stérile». En particulier en raison
d'une concentration «cent fois plus élevée qu'un lac de surface en
oxygène, un taux létal pour les micro-organismes», explique Petit, du
laboratoire de glaciologie et géophysique de l'environnement (CNRS,
université de Grenoble). Tant pis pour les rêves de vies étranges confinées
depuis des millions d'années sous la glace. Qui, dans des discours made
in Nasa et de quelques chercheurs américains, seraient analogues à des
vies putatives sur Europe, la lune glacée de Jupiter. Y
a-t-il de la vie dans le lac Vostok ? De 1999 à mars 2002, la polémique
fit rage entre équipes européennes et américaines. La question quittant
la théorie en 1998, lorsque les foreurs russes remontèrent les dernières
carottes de glace, un peu plus de cent mètres avant de toucher l'eau. Kérosène.
Peu après, l'équipe de Jean Jouzel, du laboratoire des sciences du climat
et de l'environnement, CEA-CNRS, démontrait que cette glace était formée
par de l'eau du lac regelée. Très vite, une équipe américaine, qui
partage avec Français et Russes les échantillons à analyser, annonce y
avoir trouvé des bactéries. Le lac serait donc vivant ? Moins vite, une équipe
franco-russe (Grenoble et Saint-Pétersbourg) démontre que les bactéries
proviennent... du liquide de forage, un mélange à base de kérosène.
Puis, en multipliant les précautions expérimentales pour éliminer les
risques de contamination, découvre dans ses échantillons «quelques
brins d'ADN par gramme, ce qui est minuscule», dixit Petit, provenant
de bactéries connues pour vivre dans des eaux souterraines brûlantes (2).
Comment sont-elles arrivées là, dans cette eau proche de 0 °C ? Selon
le scénario élaboré par l'équipe franco-russe, elles vivent sous
plusieurs centaines de mètres de roches, dans des fissures, un milieu chaud
en raison du flux thermique venu des profondeurs terrestres. Lors de séismes
dont les scientifiques ont déniché la signature géochimique dans la
glace, de violents jets de vapeur ou d'eau chaude ramonent ces fissures et
projettent des bactéries jusque dans le lac. Elles y meurent, mais déposent
dans l'eau leur ADN qui se retrouve ensuite dans la glace de regel. Celle
qui contenait l'ADN bactérien s'est formée il y a 15 000 à 20 000 ans,
lors du processus qui voit la glace, provenant de la neige tombée il y a
des centaines de milliers d'années, fondre à une extrémité du lac et ce
dernier regeler à l'autre extrémité. Ce renouvellement explique la
concentration létale en oxygène du lac. Précautions.
Outre la double démonstration le lac est stérile, il contient de l'ADN
de bactéries provenant d'un autre lieu , le travail de l'équipe
franco-russe attire l'attention des scientifiques sur un point crucial de la
recherche de vie en milieu extrême ou extraterrestre : le très haut niveau
de propreté exigé lors des expériences. Faute de quoi la plupart des découvertes
porteront sur... la vie apportée par les instruments des expérimentateurs.
Une leçon pour la Nasa et ses équipes. Et un avertissement aux médias.
Avant de répercuter les annonces de découvreurs de vie extraordinaire,
prier les scientifiques de détailler les extraordinaires précautions
prises pour s'assurer qu'ils n'ont pas détecté une vie tout ce qu'il y a
de plus ordinaire, apportée par leur propre matériel. (1) Serguey Bulat et al.,
International Journal of Astrobiology, Cambridge University Press. Il
y a 10 000 ans, homme et climat
ont favorisé la disparition des grands mammifères LE MONDE | 02.10.04 | Il
y a trente mille ans, les continents étaient encore peuplés de nombreux
grands mammifères, qui s'étaient épanouis pendant le pléistocène. Cette
période, qui s'est étendue entre 1,8 million d'années et 10 000 ans,
a été marquée par plusieurs épisodes glaciaires et interglaciaires. La
"mégafaune", très diversifiée, comportait alors environ 150 genres
d'animaux répartis sur tous les continents du globe. Des
mammouths, des mastodontes (cousins des mammouths), des paresseux, des
machairodontes (félins à dents de sabre) et des castors géants peuplaient
l'Amérique du Nord. D'étranges herbivores ressemblant à un croisement
entre le cheval et le tapir parcouraient les plaines sud-américaines,
raconte Anthony Stuart, professeur à University College (Londres), dans un
numéro de Pour la science consacré à "La vie au temps des
mammouths" (avril-juin 2004).
La faune
australienne, quant à elle, était caractérisée par des marsupiaux et des
kangourous géants à museau raccourci, de très gros oiseaux coureurs et l'énorme
varan Megalania prisca (v.
schéma), dont le
poids approchait la tonne. A la même époque, mammouths et rhinocéros
laineux, cerfs géants et ours des cavernes côtoyaient les lions et les hyènes
tachetées en Europe et en Asie septentrionale. Mais,
il y a dix mille ans, les deux tiers de cette faune ont disparu, et ce de
manière inégale selon les continents. Pendant longtemps, on a supposé que
l'homme était le principal responsable de cette extinction. Une hypothèse
défendue par le paléontologue Paul Martin, de l'université de Tucson (Arizona),
qui postule qu'une chasse intense, une sorte de " guerre éclair",
aurait contribué à la disparition de ces espèces en mille cinq cents
ans, voire en cinq cents ans. Sceptiques,
d'autres chercheurs ont fait valoir que l'homme préhistorique, avec ses
armes certes efficaces, mais primitives, ne pouvait avoir contribué seul à
la disparition d'une si grande quantité d'espèces. De profonds changements
climatiques et environnementaux survenus à partir de 21 000 ans, date
du dernier maximum glaciaire, n'auraient-ils pas aussi joué un rôle ?
A en croire les chercheurs, cet épisode glaciaire et le réchauffement de
10 °C qui a suivi pourraient être à l'origine du drame. Une
étude publiée dans la revue Science du 1er octobre et signée
du paléobiologiste Anthony Barnosky (Muséums de paléontologie et de
zoologie des vertébrés, université de Californie) et de plusieurs
scientifiques américains, conclut au rôle conjoint de l'homme et du climat
dans cette disparition massive. "Les données paléontologiques,
climatologiques, archéologiques et écologiques dont nous disposons
montrent que la chasse n'est pas en cause sur tous les continents, bien que
les humains aient contribué à l'extinction sur certains d'entre eux. Il
semble que l'intersection de l'impact humain avec des changements
climatiques importants ait dirigé le rythme et la géographie de
l'extinction dans l'hémisphère Nord." Dans l'hémisphère Sud,
les données ne sont pas suffisantes pour trancher. UNE
LEÇON POUR L'AVENIR Pour
se faire une idée plus précise de la question, Anthony Barnosky et son équipe
ont étudié la situation sur chaque continent. En Australie, les données
sont éparses. Mais ils constatent qu'il y a eu peu de changements
climatiques au moment de l'extinction animale, entre 50 000 et 40 000 ans.
Cependant les hommes étaient déjà présents à ce moment-là sur l'île-
continent, et certains scientifiques supposent que les feux qu'ils ont allumés
ont davantage contribué à l'extinction que la chasse proprement dite. En
Europe, le réchauffement climatique vers 12 000 ans a frappé les
animaux adaptés au froid, tels le rhinocéros et le mammouth laineux. Il
est alors possible que l'expansion d'Homo sapiens sapiens – dont
l'outillage et la nourriture étaient diversifiés – ait eu un impact négatif
sur ces animaux. En Amérique du Nord, par contre, les humains ont accéléré
le processus d'extinction enclenché par le climat. Les premières traces de
chasse du mammouth correspondent en effet à la découverte des pointes de
flèche en pierre taillée appartenant aux chasseurs de la culture Clovis (née
il y a 11 400 ans, cette culture porte le nom de la ville du
Nouveau-Mexique où ces armes furent décrites pour la première fois).
Quinze siècles après l'apparition de cette culture, une grande partie des
grands mammifères avait disparu du continent nord-américain. En Amérique
du Sud, la situation n'est pas très claire. Mais il est possible que des
incursions humaines combinées avec les changements climatiques coïncident
avec la disparition de grands mammifères comme le lama et le tatou. En
Afrique, il est difficile de trancher en faveur de l'homme ou du climat.
Tout cela inquiète Anthony Barnosky quant à l'avenir de la faune
sauvage contemporaine. "Car, précise-t-il, les activités
humaines combinées avec le changement climatique vont probablement conduire
à des modifications de l'écosystème et à l'extinction inévitable de la
plupart des espèces." En effet, "l'homme empiète de plus
en plus sur les zones refuges des grands animaux sauvages, ce qui les empêchera
de se redéployer géographiquement, comme dans le passé, pour faire face
aux changements climatiques". Christiane
Galus Grands
singes : une nouvelle espèce en Afrique ?
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