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                    N°1 septembre 2004

  ACTUALITÉ

Les requins apprécient la Méditerranée  afp

On ne fouille pas la «chambre secrète»

Deux oreilles pas pareilles

Dis-moi comment est ton bec...

Actualité  

 Les requins apprécient la Méditerranée  afp
 

De plus en plus de requins fréquentent les côtes septentrionales de la Méditerranée, comme en témoigne la présence signalée ce week-end d’un banc de squales bleus au large du Var en France, mais la plupart d’entre eux sont inoffensifs, selon les spécialistes. «Le réchauffement de l’eau et les différentes modifications du paysage aquatique ont eu pour conséquence l’accroissement de la présence de grands prédateurs, comme les requins ou les barracudas tropicaux, et l’apparition de nouvelles espèces dans les eaux méditerranéennes», affirme Nicolas Gérardin, chargé de mission et de communication du Parc national de Port-Cros. Ainsi sont apparus en Méditerranée le rouget arc-en-ciel ou le poisson lapin qui évoluent habituellement en Mer rouge. Samedi, la plage de Cabasson, près du fort de Brégançon, à Bormes-les-Mimosas, a été interdite à la baignade durant plus de trois heures en raison de la présence signalée d’un banc d’une quinzaine de requins bleus mesurant 1,50 m à 2 m, à 300 mètres du rivage. Les différentes espèces de squale, dont celui à peau bleue est la plus répandue en Méditerranée, ont toujours chassé dans les eaux du Golfe du Lion: «Ils suivent le courant Ligure, qui prend naissance à Gibraltar, et sa pléthore de thons et de sardines, ajoute Nicolas Gérardin. Ce courant est devenu leur garde-manger puisqu’il y a pénurie en Méditerranée orientale, c’est pourquoi ils sont de plus en plus nombreux».Aucune statistique ne permet cependant d’évaluer la population de squales dans le bassin méditerranéen. Ces requins bleus, qui effrayent nageurs et plaisanciers de passage, n’en restent pas moins inoffensifs. «Nous n’avons jamais eu d’accident avec les squales, assure Michel Meacci, vice-président des pêches de Marseille. Le plus souvent, les gens les confondent avec les poissons-lunes, qui présentent pratiquement le même aileron».Un avis partagé par les moniteurs de plongée. «Le requin type peau bleue n’est pas du tout agressif», souligne Gérard Altman, président de l’Association nationale des moniteurs de plongée. «Il est même plutôt craintif et nous devons être astucieux pour l’approcher».Pouvant mesurer jusqu’à 4 mètres, les requins bleus évoluent la plupart du temps à deux ou en bande, dans des eaux tempérées à froides et attaquent rarement l’Homme. «Il faudrait alors les provoquer ou les exciter avec du sang ou des cadavres de poissons pour qu’ils deviennent agressifs», assure Jean Jaubert, directeur du Musée océanographique de Monaco. «La plupart des attaques de ces dix dernières années n’ont eu lieu qu’en Italie ou en Yougoslavie et devaient être le fait d’un requin blanc, plus enclin à attaquer l’Homme», dit-il. Selon lui, près de quarante attaques attribuées à des requins blancs, qui apprécient particulièrement la Méditerranée pour se reproduire, ont été répertoriées ces dix dernières années en Adriatique, au large de la Grèce, la Tunisie, de Malte et de la Sicile

On ne fouille pas la «chambre secrète»
Crispation sur «l'affaire Chéops» au congrès des égyptologues de Grenoble.
Par Sylvie BRIET
vendredi 10 septembre 2004 Libération
Grenoble envoyée spéciale

Le dialogue ne s'est pas instauré autour de Chéops entre Français et Egyptiens. Hier soir, dans une conférence de presse donnée à Grenoble en marge du 9e Congrès international des égyptologues, Zahi Hawas, secrétaire général du Conseil suprême des antiquités égyptiennes, est resté sur ses positions : faute d'être convaincu, il ne donnera pas l'autorisation aux Français de fouiller la grande pyramide. Gilles Dormion, technicien dans un cabinet d'architecte, et Jean-Yves Verd'hurt, agent immobilier, 

Plan de la pyramide de Chéops

1

Chambre voûtée

2

Aération

3

Chambre funéraire «Chambre du roi »

4

Grande galerie

5

Chambre funéraire « Chambre de la reine »

6

Passage

7

Couloir ascendant

8

Couloir descendant

9

Chambre funéraire

égyptomanes, pensent avoir localisé une chambre inconnue dans la pyramide de Chéops. De là à imaginer qu'il pourrait s'agir de la chambre funéraire du roi, jamais trouvée (Libération du 28 août)... Au-delà de l'impact qu'aurait cette découverte si elle était validée, l'enjeu concerne les relations franco-égyptiennes en archéologie. Beaucoup de chercheurs craignent les répercussions de cette affaire sur les missions françaises en Egypte et disent comprendre Zahi Hawas.

Géoradar.   La parution de leur livre, Chéops, la chambre secrète, a transformé Gilles Dormion et Jean-Yves Verd'hurt en véritables vedettes, assaillis par micros et caméras, avant même leur communication au congrès de Grenoble.

Après une analyse architecturale fouillée, ils ont, entre autres, détecté une cavité large d'un mètre sous la chambre de la reine, confirmée par géoradar. Un couloir. Qui doit bien mener quelque part... Leur analyse est soutenue par Nicolas Grimal (Collège de France) et Michel Vallogia (université de Genève), qui ont présenté des demandes de fouilles au nom de leur institution.Si la théorie de Dormion et Verd'hurt a suscité des réactions, parfois violentes, chez les égyptologues, aucun contradicteur n'était présent pour débattre après l'exposé.

Pour ne pas s'abaisser chez les amateurs ?  Ou comme l'interprète plus positivement Gilles Dormion : «Maintenant qu'ils ont pu lire le livre, peut-être commencent-ils à être convaincus.» Mais Zahi Hawas est resté intraitable : «Que diriez-vous si je voulais percer un trou à Notre-Dame ? Je ne peux pas accepter n'importe quelle demande, j'en ai 300 sur mon bureau, il faut qu'elle provienne d'une institution et que le dossier soit convaincant. Ce n'est pas le cas. Nous, Egyptiens, devons garder notre dignité. Je suis le gardien des pyramides.» Il ne manque pas de rappeler l'échec d'un forage des deux Français, en 1986. Mais omet de rappeler leur découverte, en 2000, d'un couloir et de deux chambres inviolées dans la pyramide de Meïdoum. Dans un amphithéâtre bondé, après avoir exposé ses récentes découvertes, Zahi Hawas a annoncé qu'il utiliserait à Chéops en 2005 un nouveau robot, en dépit de l'échec subi en 2002 avec National Geographic. Il avait foré en vain dans un conduit de la chambre de la reine.

Blocage.   La majorité des congressistes semblaient acquis aux arguments de l'Egyptien. Après avoir subi tant de pillages, les Egyptiens sont contents d'avoir un homme à poigne qui lutte contre le trafic. Mais, comme Zahi Hawas décide de l'existence ou non d'une mission archéologique en Egypte, peu de gens osent l'affronter. Nombre de chercheurs ne souhaitent même pas s'exprimer à ce sujet. Jean Yoyotte, membre honoraire du Collège de France, avait redouté que «des pressions de ce genre ne conduisent à des répercussions négatives sur les accords d'autorisation de fouilles françaises en Egypte». Jean Leclant, 85 ans, pape de l'égyptologie, reste prudent, ouvert à une hypothèse de non-égyptologues, mais «demande à en savoir plus». Bernard Mathieu, directeur de l'Institut français d'archéologie orientale du Caire, est attentiste : «Ils travaillent bien et leurs observations sont intéressantes, mais ils vont trop vite aux conclusions possibles.» Il comprend Zahi Hawas : «Moi-même, je suis assailli de demandes, les gens ont tous des théories sur la construction de la pyramide. 99 % sont farfelues.» Il relève que le nombre de missions étrangères en Egypte augmente et que, cette année, celui des missions françaises dépasse les américaines. La création d'un comité d'experts égyptiens et internationaux pourrait débloquer la situation. Elle devrait être soumise à Zahi Hawas

Physiologie. Dès le plus jeune âge, le côté droit serait plus sensible au langage et le gauche à la musique.
Par Corinne BENSIMON 11 septembre 2004 Libération

 

Si vous tendez l'oreille, surtout, tendez la bonne. Car, malgré leur apparente symétrie, les deux ne se valent pas. Dès les premiers mois de la vie, l'oreille droite serait particulièrement performante dans la perception des sons du langage et la gauche dans celle de la musique. L'asymétrie précoce de ces deux organes jumeaux serait même à l'origine de celle, remarquée de longue date, des aires auditives des deux hémisphères du cerveau. Telle est, du moins, la conclusion que tirent deux chercheuses américaines au terme d'une étude publiée vendredi dans la revue également américaine Science

Tons et clics.   Yvonne Sininger (université de Californie à Los Angeles) et Barbara Cone-Wesson (université d'Arizona à Tucson) ont analysé les résultats de tests auditifs réalisés sur plus de 1 500 nourrissons. Agés de moins de 4 mois, les bébés ont été soumis à ces «otoémissions» bien connues des ORL : une petite sonde placée dans le canal auditif envoie des sons heurter les cellules ciliées externes. Pièces maîtresses de l'audition, ces cellules se contractent et renvoient vers l'appareil des ondes qui donnent une image de leur réactivité. Dans le cas présent, deux types de stimuli auditifs ont été expédiés dans les oreilles des bébés : d'une part, des «tons» ­ soit des sons dits «purs», éléments de base de la musique ­, d'autre part, des «clics» ­ sons complexes et courts qui évoqueraient ceux du langage. Bilan : chez la majorité des nourrissons, l'oreille droite répond de façon plus intense aux clics et l'oreille gauche aux sons purs. Les deux oreilles ont donc une forme de spécialisation. Et cela, dès les premiers mois de la vie.

Prothèses.  C'est ce dernier point qui fait toute l'originalité du travail des deux chercheuses. Car, comme le note Evelyne Veuillet (CNRS-université Lyon-I), plusieurs études ont permis de pressentir, chez l'adulte, l'existence d'une asymétrie auditive, sujet «chaud» car son exploration «pourrait permettre d'améliorer les performances des prothèses auditives». «On sait, note-t-elle, que les aires auditives cérébrales n'ont pas les mêmes compétences dans les deux hémisphères. On sait également que les sujets ­ notamment les droitiers ­ répètent en général plus vite un mot entendu dans l'oreille droite que dans l'oreille gauche. Et, enfin, que l'oreille droite est mieux protégée contre les traumatismes acoustiques et qu'elle a des connexions plus fortes avec le système nerveux central.» Cependant, c'est la première fois que cette asymétrie des organes auditifs est mise en évidence chez des nouveau-nés.

Hardie. Le point est d'importance car, à ce jeune âge, il n'y a nulle trace, dans le cerveau, d'une asymétrie correspondante des aires auditives, celles-ci apparaissant bien plus tardivement. Cette observation permet aux chercheuses américaines de proposer une hypothèse hardie sur l'origine de l'asymétrie auditive cérébrale : celle-ci serait le produit de l'asymétrie des organes auditifs périphériques (les oreilles) et non l'inverse. La proposition, qui ne manquera pas d'être discutée, apporte une nouvelle pièce à l'une des plus grandes énigmes de l'évolution du cerveau : l'origine et la fonction de sa parfaite asymétrie.

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Dis-moi comment est ton bec...

 

La diversité de leurs becs avait fasciné le jeune Darwin lors de son voyage aux Galápagos. Quelque 169 ans plus tard, étudiant ces mêmes oiseaux, des chercheurs ont découvert une protéine qui modèle la forme des becs des oiseaux de cette île du Pacifique.
Charles Darwin avait observé que chaque petit oiseau semblait avoir un bec adapté à son mode de vie et à la nourriture qu’il avait à portée… de bec. Le savant britannique s’est d’ailleurs appuyé sur ces fringillidés pour développer sa théorie de l’évolution dans son fameux ouvrage L’origine des espèces.
Clifford Tabin et ses collègues ont étudié le
développement embryonnaire de six espèces différentes de géospizes.  Trois de ces oiseaux vivent au sol et possèdent un bec robuste et court pour casser des graines. Trois vivent sur des cactus et leur bec est fin et allongé pour boire le nectar.
Les chercheurs ont isolé une dizaine de gènes codant pour des facteurs de croissance chez les six espèces de géospizes. Un seul était impliqué dans la différenciation de la forme du bec entre les oiseaux des cactus et ceux du sol. Ces résultats sont publiés dans la revue Science du 3 septembre.
Sciences et Avenir.  (03/09/04)