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                    N°1 décembre 2003

I. ACTUALITÉ

Absence de Martiens 

Antares, le télescope sous-marin 

Les lemmings : des suicides maquillés

II. Question / Réponse

     Qu'est-ce qu'un prion ?

Actualité  

Absence de Martiens 

(Agence Science-Presse) - Une expérience menée  y a 27 ans sur le sol martien dans l'espoir d'y trouver de la vie a été reproduite dans un désert du Chili... et n'y a détecté aucune trace de vie.

Étonnant? Le plus étonnant est qu'ils n'y aient pas pensé plus tôt. Les biologistes de quatre pays (Mexique, France, États-Unis, Chili) qui se sont attelés à cette tâche sont partis du principe, déjà connu de leurs prédécesseurs d'il y a 27 ans, que le désert d'Atacama, au Chili, parce qu'il est un des endroits les plus arides du globe, constitue un excellent banc d'essai pour la planète Mars. Retournant donc aux archives de la Nasa, ils ont reproduit les trois expériences menées à cette époque par les deux sondes américaines Viking sur la planète rouge: ces robots avaient analysé des échantillon de poussière, les avaient soumis à différents tests chimiques dont un susceptible de "réveiller" d'éventuelles bactéries martiennes, si bactéries il y avait.

Les tests s'étaient avérés négatifs: pas de vie dans cet échantillon de Mars, avait décrété Viking.

Nos biologistes ont donc reproduit la même expérience avec des échantillons du désert d'Atacama... et sont arrivés à la même conclusion! Pas de vie dans cet échantillon de la Terre, ont-ils décrété.

Pour être plus précis: toute forme de décomposition de matière organique dans ces sols peut s'expliquer par des processus non-biologiques, écrivent-ils dans la dernière édition de la revue Science.

Il faut se rappeler que les résultats des sondes Viking étaient plus compliqués qu'il n'y paraît. Non, on n'avait détecté aucune forme de vie –aucune activité biologique, en langage savant– mais on avait tout de même détecté des émissions de molécules d'oxygène lorsque la poussière avait été exposée à de la vapeur d'eau.

  Atterrisseur Viking

Le module d'atterrissage de la mission Viking mesurait 3 mètres de haut, pour une masse d'une demi tonne.

http://www.nirgal.net/explora_1976.html

 

C'est ce résultat inattendu qui avait d'abord conduit certains scientifiques, en 1976, à proclamer qu'il y avait de la vie là-dedans.

Ils avaient vite désenchantés en constatant que cette "apparition" d'oxygène pouvait fort bien, à ce niveau infime, s'expliquer par de bêtes processus chimiques, et non biologiques.

Et c'est en gros ce qui vient de se passer dans le désert d'Atacama, écrit le chercheur principal, Rafael Navarro-Gonzalez, de l'Institut des sciences nucléaires à l'Université nationale autonome de Mexico.

En un sens, cette expérience résout donc un mystère vieux d'un quart de siècle: ce que Viking avait vu pouvait s'expliquer sans qu'il ne soit besoin de recourir à d'éventuels micro-organismes martiens. Mais l'expérience ouvre en même temps une autre porte: car cette expérience n'a même pas pu démontrer l'existence de la vie sur Terre! Elle a certes détecté la présence de molécules organiques, mais à un niveau qui aurait été trop faible pour pouvoir être détecté par les sondes Viking il y a 27 ans. De sorte que, qui sait, sur Mars...

http://www.sciencepresse.qc.ca/archives/2003/cap1711033.html

Antares, le télescope sous-marin 

Un télescope placé au fond de la mer Méditerranée observe les neutrinos, petits fantômes de l'espace. 

France  21/11/2003

- Antares, le détecteur de neutrinos, a été inauguré cette semaine au large de la presqu'île de Porquerolles, en Méditerranée. Ce projet réunit 14 laboratoires européens – d'Italie, Allemagne, Pays-Bas, Espagne, France – dont le Centre de physique des particules de Marseille du CNRS et le Commissariat à l'énergie atomique français (CEA). C'est en fait un télescope sous-marin conçu pour déceler la présence de neutrinos.

 Les neutrinos sont des particules élémentaires produites par milliards dans l'Univers, lors de réactions radioactives. Notre Soleil rayonne de neutrinos qui traversent la Terre et notre corps de part en part chaque seconde. Électriquement neutres, comme leur nom l'indique, les neutrinos n'interagissent que rarement avec la matière. Ils voyagent donc vite et loin, mais très peu sont absorbés. Ils sont donc aussi insaisissables que les fantômes des récits d'enfants. Les astrophysiciens aimeraient pourtant connaître les histoires dont ils peuvent témoigner sur la formation de l'Univers.

Puisque les neutrinos sont très difficiles à détecter dans le ciel, les chercheurs les observeront sous l'eau. En effet, lorsqu'ils traversent la Terre, certains se transforment en muons. Ceux qui traversent notre globe en provenance de l'hémisphère sud et finissent leur voyage dans les océans de l'hémisphère nord émettent au contact de l'eau un rayonnement lumineux en forme de cône, appelé lumière Cerenkov. Grâce à son réseau de 1 000 photocapteurs répartis sur 12 lignes verticales de 450 mètres, Antares va ainsi enregistrer la lumière émise par les sous-produits des neutrinos. Ces lignes sont ancrées à 2 400 mètres de profondeur dans la mer Méditerranée.

Le programme Antares prévoit d'installer un télescope couvrant un volume d'un kilomètre cube. Ce dispositif permettra d'observer une partie du ciel de l'hémisphère sud, 24 heures sur 24. Les scientifiques espèrent en apprendre davantage sur les principales sources de neutrinos de haute énergie. Et de façon indirecte, sur la masse cachée de l'Univers qu'on soupçonne être en lien avec ces petits fantômes de l'espace.

 http://www.cybersciences.com/Cyber/3.0/N3337.asp

Les lemmings : des suicides maquillés 

Lemming

 http://www.borealforest.org/world/mammals/norway_lemming.htm 

 

  Pourquoi les lemmings, petits rongeurs nordiques, se suicident-ils collectivement ? Depuis 15 ans, une équipe européenne enquête au Groënland sur ce phénomène encore énigmatique. D’après leurs premières conclusions, publiées dans la revue Science du 31 octobre 2003, les lemmings seraient « suicidés » par quatre de leurs prédateurs.
Les lemmings, rongeurs d’une cinquantaine de grammes de la famille des rats musqués, ont un corps ramassé long d'une dizaine de centimètres. Actifs le jour et la nuit, ils vivent en groupes dans des galeries creusées dans le sol. Animaux des pays froids, les lemmings habitent dans la toundra arctique et subarctique. Dès l'âge de 3 semaines, les femelles sont capables de mettre au monde 5 à 8 jeunes tous les mois. « Cette fertilité accrue, souligne Olivier Glig chercheur à l’INRA, est à l'origine d'une augmentation considérable de leurs effectifs tous les 5 à 10 ans. » N’aimant pas la trop forte promiscuité, les lemmings émigrent massivement vers d'autres régions.
Le biologiste français , Olivier Glig, le Finlandais, Ikka Hanski, et l’Allemand Benoît Sittler, auteurs de l’étude, ont constaté que les prétendus suicides collectifs des lemmings seraient dus à l’action combinée de quatre prédateurs. Cette explication permet de mieux comprendre les grandes fluctuations observées chez les populations de ce petit rongeur. Depuis 1988, les données recueillies ont permis de montrer que l’ennemi numéro 1 des lemmings est l’hermine. Cette dernière considère les petits rongeurs comme un mets de choix ,constituant son plat principal tout au long de l’année. Les trois autres prédateurs ne s’attaquent aux lemmings qu’en été, principale période d’abondance.
Selon Olivier Glig, cette prédation intense réduirait de façon considérable le nombre de lemmings par hectare. Une diminution pouvant aller de cent à mille. Une fois le stock de nourritures quasiment épuisé, les prédateurs partent à la recherche d’autres proies.
A partir de leurs travaux, les trois chercheurs ont mis au point un modèle informatique permettant d’étudier le système proie-prédateur, qui pourrait être applicable à d’autres petits mammifères, connus pour leur prolifération excessive.

http://permanent.sciencesetavenir.com/sci_20031031.OBS9002.html?0051

Question 

Qu'est-ce qu'un prion?

                                   Réponse

Depuis Pasteur, on connaissait deux grands types d'agents infectieux : les virus et les bactéries. Le prion est venu récemment s'ajouter à cette liste. Le terme « prion » provient de l'anglais « Protein infection ». Comme leur nom l'indique, les prions sont donc des protéines qui agissent comme agent infectieux. Les prions sont responsables de certaines maladies neurodégénératives (encéphalopathies), comme la tremblante du mouton, l'encéphalopathie spongiforme bovine (ou « maladie de la vache folle ») et la maladie de Creutzfeld-Jacob.

Les prions sont des protéines que l'on retrouve dans le cerveau, chez les mammifères et les oiseaux, et joueraient un rôle dans la transmission synaptique. Inoffensifs et même utiles, ces protéines deviendraient nocives lorsque, à la suite d'une mutation, leur forme serait altérée. Elles cesseraient alors de jouer leur rôle normale et perturberaient également le fonctionnement et la production d'autres protéines.

On ne connaît pas encore très bien le mode de transmission des maladies à prions. L'une des particularités est que les prions seraient en mesure de franchir la « barrière des espèces » - ce qui est plutôt rare pour les autres agents infectieux, virus et bactéries. Par exemple, la maladie de la vache folle aurait été transmise à des bovins nourri par des farines animales provenant de moutons atteints de la tremblante du mouton.

 

http://www.tours.inra.fr/tours/images/vachefolle2.gi

Une variante de la maladie de Creutzfeld-Jacob serait également liée à la maladie de la vache folle.

C'est le biologiste américain Stanley B. Prusiner qui a, le premier, fait l'hypothèse de l'existence des prions. Son hypothèse sera longtemps remis en question puis finalement acceptée. Pour sa découverte des prions, Stanley B. Prusiner a reçu le prix Nobel de médecine en 1997.

http://www.cybersciences.com/Cyber/2.0/Q7222.asp