Un peu d'histoire

inspiré  du site  http://www.hemes.be/esas/mapage/euxaussi/femme/femecole.html

Au XIXe siècle les femmes ont bien une infériorité intellectuelle par rapport a

 hommes mais elle n'est pas naturelle. Elle est due à un non accès à l'enseignement de qualité. A cette époque, les filles n'ont accès qu'aux pensionnats ou aux écoles privées pour suivre un enseignement rudimentaire. Une dizaine de pensionnats sont reconnus, en France,  pour former des institutrices. Ceci étant le niveau  le plus élevé d'instruction auquel les filles ont accès.
La première féministe belge,
Isabelle Gatti de Gamond, n'a pas échappé aux préjugés de l'époque. Elle a effectué une étude sur la condition sociale de la femme au 19ème siècle. L'éducation et l'enseignement de qualité sont les conditions nécessaires pour l'émancipation de la femme. Gatti de Gamond lutte pour cette émancipation en lançant une attaque, en 1862, dans sa revue " Éducation des femmes ".  Elle fonde en 1864, la première école moyenne pour les filles à Bruxelles avec l'aide de politiciens et de penseurs. D'autres villes et communes évoluent dans le même sens. Les écoles catholiques améliorent leur enseignement.
L'enseignement secondaire pour les filles sera réglementé en 1879. La première école professionnelle pour les filles a aussi a été fondée à Bruxelles.

Et l'Université ?
C'est en février 1875 que, pour la première fois en Belgique, on discuta au Parlement de l'accès des femmes à l'Université. La discussion porta sur l'étude et l'exercice de la médecine. Toutefois, il fallait que les filles fassent des humanités anciennes complètes pour pouvoir accéder à l'enseignement supérieur. Or le latin et le grec étaient réservés aux garçons et le restèrent encore 50 ans dans les écoles de l'État. Les jeunes filles faisaient donc l'École Moyenne puis le Jury Central, a près avoir reçu des leçons particulières.
A Liège, c'est l'Institut Saint Jacques qui, dès 1908, créa des "vraies humanités", Les chanoinesses de Jupille suivirent en 1919
Les arguments de chaque camp varièrent peu dans le temps: les adversaires mettaient en avant la vraie vocation de la femme, mère et épouse, règnent sur "l'intérieur" et l'homme sur la vie du dehors tandis que les autres soulignaient qu'il existait 1/3 de célibataires et pas mal de veuves qui devaient assurer leur subsistance et celle de leurs éventuels enfants.
Isala Van Dies, la première femme médecin belge, a dû effectuer ses études à Berne car l'accès à l'université de Louvain lui avait été refusé. Elle a reçu son diplôme en 1879 et n'a pu ouvrir son propre cabinet qu'en 1884, après un arrêté royal spécial.

Vers 1880, les universités de Bruxelles, de Gand, de Liège ouvrent leurs portes aux filles mais le nombre d'étudiantes reste peu élevé vu qu'elles n'ont pas spécialement fait l'enseignement secondaire supérieur et que même en sortant de l'Université, elles n'ont pas le choix de professions intéressantes. Ainsi la résistance fut très forte pour les professions libérales. Marie Popelin a été exclue du Barreau en 1888 par un arrêté de la Cour d'Appel puis de cassation et le juge a motivé sa décision en disant que, vu son statut de femme, de mère et d'épouse, elle ne saurait effectuer sa profession d'avocat car elle se trouve dans des conditions peu conciliables avec les luttes et les fatigues du Barreau. Ce n'est qu'en 1921 que la question revint au Parlement, la Belgique étant ainsi très en retard sur bien d'autres nations. (N'oublions pas l'infériorité civile et juridique de la femme mariée).
Louvain, université catholique dont les évêques constituent le Pouvoir Organisateur, n'ouvrira ses portes aux filles que quarante ans plus tard.

En 1890, la loi autorise l'accès des femmes aux professions de médecin et de pharmacien - la tradition reconnaissant les compétences féminines dans l'art de guérir - ainsi qu'à tous les grades académiques.
En 1892, il y a la création de la ligue du droit des femmes et aussi d'une section pré universitaire à l'institut par
Gatti de Gamond.
On peut remarquer un développement d'écoles et de classes ménagères très rapide entre 1885 et 1910, grâce à une large propagande et à un soutien des pouvoirs publics. Ces formations seraient une solution à la misère matérielle et morale selon l'idée répandue mais elles constituent surtout un frein au mouvement de rattrapage intellectuel.

Au XXe siècle et aujourd'hui
En 1920, l'université de Louvain ouvre enfin ses portes aux femmes. Mais à l'aube des "goldens sixties", il se dit encore que des filles trop diplômées ne trouveront pas de mari....
En 1980, il y a la création par le Ministère de l'Éducation Nationale d'une Commission pour l'égalisation des chances des filles et des garçons. Il y a une augmentation des écoles supérieures et des universités ainsi que du nombre d'étudiants.
On peut observer que les filles semblent obtenir de meilleurs résultats que les garçons dans l'ensemble des matières. Cependant, il existe un frein à l'égalité des performances intellectuelles des deux sexes qui est que les filles doivent se conformer à un certain standard sous la pression de la société. C'est ainsi que certains psychologues et pédagogues constataient récemment que les compétences des filles dans des matières "masculines" (maths - sciences) sont plus développées dans les classes non - mixtes, parce qu'elles redoutent moins le jugement ou les remarques des garçons, parce qu'elles ne sont pas, non plus, en compétition avec eux.


Aujourd'hui, deux tiers du milliard d'adultes analphabètes dans le monde sont des femmes et deux tiers des 130 millions d'enfants non scolarisés sont des filles. Sur les vingt dernières années, le taux de scolarisation pour les filles est passé de 38% à 78%.
Chez nous, différentes associations luttent contre cette situation et les femmes prévoyantes namuroises sont très présentes dans ce domaine; elles cherchent, par le biais d'ateliers, à aider les analphabètes en leur permettant d'acquérir les connaissances nécessaires à leur insertion sociale. Ex. par la préparation au permis de conduire.

Conclusion
Dans nos pays, l'égalité entre hommes et femmes face à l'enseignement est certainement atteinte en termes de chiffres mais nous pouvons constater que, dans les faits, les professions sont encore réservées à tel ou tel sexe. En général, l'idée d'infériorité est restée car, dans un couple, il est rare que la femme ait un diplôme plus élevé que celui de l'homme.

Bibliographie

Ouvrages
- Chartier, R, et al. L'éducation en France du XVIe au XVIIIe siècle. Paris : SEDES, 1976, p.231-246
- Femmes Prévoyantes Socialistes. 1, 2, 3, des femmes et des chiffres ! : dossier pédagogique. Liège : Femmes Prévoyantes Socialistes, décembre 2001.76 p.
- Pas à pas, l'histoire de l'émancipation de la femme en Belgique. Bruxelles : Cabinet du Secrétaire d'État à l'émancipation sociale ­ M. Smet, 1991, p.10, p.17-22, p.61-66.
- B.Lacomble - Masereel, Les premières étudiantes à l'Université de Liège, années académiques 1881-1882 à 1919-1920, Documents et mémoires, fascicule XIVe, éditions de la commission communale de l'histoire de l'ancien pays de Liège, Liège, 1980.

Articles
- Conformisme " Conformisme ou mimétisme : les manuels de savoir-vivre à l'intention des femmes dans l'Angleterre du dix-huitième siècle ". Dans : Études anglaises. Paris, tome 51, n°1, 1998, p. 65-75
- Alphabétisation " Alphabétisation ". Dans : Femmes plurielles. Bruxelles, n°1, juin 1991, pages 17.

Sites WE
-Fiche analytique des Nations Unies sur la condition de la femme, les femmes et l'éducation
http://usinfo.state.gov/regional/af/usafr/french/f1030704.htm,  Site consulté le 04/01/04
http://www.ulb.ac.be/cal/Assoc/Fondationrationaliste/fondationrationalistehistoire.html (illustration d'Isabelle Gatti de Gamond)
Site consulté le 04/01/04

Quelques dates importantes dans l’histoire du féminisme en Belgique

 

1847: Zoë Gatti de Gamond devient la première inspectrice des écoles maternelles, primaires et normales pour filles.

• 1864: Isabelle Gatti de Gamond (fille de Zoé) fonde la première école secondaire pour filles à Bruxelles, avec un programme éducatif complet pour l’enseignement secondaire inférieur.

• 1880: L’Université Libre de Bruxelles s’ouvre aux femmes, suivie par l’Université de Liège en 1881 et par celle de Gand en 1882.

• 1884: Isala Van Diest (lien néerlandais) ouvre un cabinet médical. Pour permettre aux femmes de travailler comme médecin, un décret royal a du être rédigé spécialement. Van Diest avait été refusé en 1873 à la faculté de médecine de Louvain, mais avait obtenu son diplôme en 1877 à Berne.

• 1888: Marie Popelin est exclue du Barreau par la Cour de cassation.

• 1890: La loi du 10 avril donne le droit explicite aux femmes d’accéder à tous les diplômes universitaires, ainsi qu’à celui de médecin et de pharmacien.

• 1892: Isabelle Gatti de Gamond crée une section pré universitaire au sein de son propre institut.

• 1892: Marie Popelin, Louis Frank et Isala Van Diest fondent la ‘Ligue belge du Droit des Femmes’. Leur objectif principal est de revendiquer l’égalité juridique des femmes.

• 1893: La première nomination d’une femme dans la fonction publique: Alice Bron devient membre du centre public d’aide sociale de Monceau - sur - Sambre.

• 1897: La ‘Ligue belge du Droit des Femmes’ organise un congrès féministe international à Bruxelles.

• 1900: La loi reconnaît le droit à l’épargne de la femme mariée, ainsi que le droit d’obtenir un contrat de travail et d’encaisser son propre salaire (avec un maximum de 3000

francs par an).

2• 1907: Un premier athénée pour filles est fondé à Gand. Offrant également un enseignement secondaire supérieur, il permet aux filles d’avoir un accès plus aisé à l’université.

1914-1918: Première guerre mondiale. 

• 1919: Un nombre limité de femmes obtient le droit de vote: les mères et les veuves de militaires et de civils tués par l’ennemi ainsi que les femmes emprisonnées ou condamnées par l’occupant.

• 1920: La loi du 15 avril accorde le droit de vote aux femmes aux élections communales (à l’exception des prostituées et des femmes adultères). Les femmes ont également le droit de se faire élire à la Chambre et au Sénat, même si elles n’ont pas le droit de voter aux élections législatives.

• 1921: La ‘Ligue belge du Droit des Femmes’ crée un parti féminin: le ‘Parti général des femmes belges ‘. Cette initiative ne connaîtra aucun succès. 

• 1921: 181 conseillères communales sont élues lors des élections communales.

• 1921: Des barèmes salariaux équivalents sont introduits pour les enseignants masculins et féminins. C’est le premier pas important vers l’égalité salariale entre hommes et femmes.

• 1921: Les femmes obtiennent le droit d’exercer les fonctions de bourgmestre, d’échevin, de secrétaire communal ou de receveur. Les femmes mariées doivent cependant toujours avoir l’accord de leur mari pour entrer en fonction.

• 1921: Marie Spaak - Janson devient la première sénatrice belge, par cooptation.

• 1922: Les femmes obtiennent le droit d’exercer le métier d’avocat.

• 1929: Lucie Dejardin devient le premier membre féminin de la Chambre des Représentants, par élection directe.

• 1934: Toutes les fonctions du secteur public sont désormais réservées aux hommes.

1940-1945: Seconde guerre mondiale.

• 1948: Le droit de vote des femmes aux élections parlementaires, ainsi qu’aux élections provinciales est reconnu par la loi.

• 1952: La Belgique signe la Convention 100 du Bureau international du travail, portant sur l’égalité des salaires.

• 1957: La Belgique ratifie le Traité de Rome, fondant la Communauté économique européenne. L’article 119 de ce traité porte sur l’égalité salariale entre hommes et femmes.

• 1965: Marguerite de Riemaecker - Legot devient, en tant que ministre de la famille et du logement, le premier membre féminin du gouvernement belge.

• 1966: A peu près trois mille travailleuses de l’usine d’armes de la FN à Herstal se mettent en grève, afin d’obtenir l’égalité des salaires. La grève durera près de trois mois.

• 1968: L’hôtesse de l’air Gabrielle Defrenne entame un procès contre la compagnie aérienne Sabena pour discrimination sexuelle. La Sabena oblige les femmes à partir en retraite à 40 ans, alors que leurs collègues masculins ont le droit de poursuivre le travail jusqu’à l’âge légal de la retraite.

• 1969: La loi sur les contrats de travail interdit aux employeurs de renvoyer les femmes pour cause de grossesse ou de mariage.

• 1970: La première action “Votez femme” à Bruges, organisée à l’occasion des élections communales, est un succès: le nombre de femmes élues monte de deux à sept.

• 1971: Le principe de l’égalité est appliqué aux allocations de chômage.

• 1973: L’interdiction légale portant sur la propagation et la publicité pour les contraceptifs est levée.

3• 1974: La commission pour l’emploi des femmes est créée dans le cadre de la préparation de l’année internationale de la femme par l’ONU. Il s’agit d’un organisme consultatif au sein du Ministère du Travail et de l’Emploi, proposant des mesures en rapport avec le travail des femmes. Elle fonctionnera jusqu’en 1985.

• 1974: Un parti féministe se présente aux élections législatives: le VFP (Parti féministe unifié). Il n’obtiendra aucun siège.

• 1974: La loi sur l’égalité parentale accorde les mêmes responsabilités au père et à la mère dans l’éducation ainsi que dans la gestion des biens des enfants.

• 1975: La concertation sociale aboutit à un Contrat collectif du travail (CCT) pour l’égalité salariale.

• 1976: La loi impose l’égalité des hommes et des femmes dans l’exercice des droits sur la propriété matrimoniale.

• 1984: Une nouvelle loi protège les droits de succession du partenaire survivant. 

• 1985: Un secrétariat d’État pour l’Émancipation sociale est créé au niveau fédéral. L’égalité des chances fait son entrée officielle en politique.

• 1986: Une nouvelle commission pour le travail des femmes est créée au sein du Secrétariat d’État à l’Émancipation sociale.

• 1989: La politique de l’égalité des chances est confiée au Ministre de l’Emploi et du Travail.

• 1990: L’avortement est enlevé du code pénal.

• 1993: Un Conseil pour l’égalité des chances est crée au niveau fédéral.

poursuivant le travail de la Commission pour l’emploi des femmes, créé en 1986.

• 1994: La loi Smet -Tobback impose aux partis de confier au minimum un tiers des places de leurs listes aux femmes, et ce à tous les niveaux électoraux, de la commune à l’Europe.

• 1995: La première femme Ministre de l’Égalité des chances est nommée au sein du gouvernement flamand.

Quelques dates importantes dans l’histoire du féminisme en Belgique 

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Voir aussi:

Ouvrages
- Chartier, R, et al. L'éducation en France du XVIe au XVIIIe siècle. Paris : SEDES, 1976, p.231-246
- Femmes Prévoyantes Socialistes. 1, 2, 3, des femmes et des chiffres ! : dossier pédagogique. Liège : Femmes Prévoyantes Socialistes, décembre 2001.76 p.
- Pas à pas, l'histoire de l'émancipation de la femme en Belgique. Bruxelles : Cabinet du Secrétaire d'Etat à l'émancipation sociale ­ M. Smet, 1991, p.10, p.17-22, p.61-66.
- B.Lacomble-Masereel, Les premières étudiantes à l'Université de Liège, années académiques 1881-1882 à 1919-1920, Documents et mémoires, fascicule XIV, éditions de la commission communale de l'histoire de l'ancien pays de Liège, Liège, 1980.

 

Articles
- Conformisme " Conformisme ou mimétisme : les manuels de savoir-vivre à l'intention des femmes dans l'Angleterre du dix-huitième siècle ". Dans : Études anglaises. Paris, tome 51, n°1, 1998, p. 65-75
- Alphabétisation " Alphabétisation ". Dans : Femmes plurielles. Bruxelles, n°1, juin 1991, pages 17.

 

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