Auguste fulminant

Alain NADAUD

Editions Grasset et Fasquelle

Le Livre de Poche n°14676

1997

Fayoum.jpg (252126 octets)

Peinture sur bois de Fayoum (Egypte), IIème siècle après Jésus-Christ 

"Seul demeure le visage d'un homme, aux joues glabres, aux cheveux ras et aux traits carrés, dévoré par d'immenses yeux noirs qui, à ce titre, évoque certains portraits funéraires originaires de Fayoum " p.81

p. 20

Résumé

Un jeune pigiste, fraîchement engagé dans un journal parisien, est chargé par son directeur d'enquêter sur le mystérieux incendie d'un obscur musée tunisien. Ses investigations l'amènent à rencontrer près d'Athènes un certain Gilles Virandes, collaborateur de René Teucère, ce dernier étant l'ancien directeur dudit musée et actuellement en poste à l'UNESCO. Virandes évoque le passé douteux de son collègue en même temps qu'il plonge son interlocuteur dans les controverses d'historiens et d'archéologues sur des énigmes de l'Histoire de Rome et de Carthage : Enée est-il réellement le fondateur de Rome ? Est-on même certain de son existence ? Virgile est-il allé à Carthage ? Pourquoi souhaitait-il détruire L'Enéide ? Sa mort est-elle "naturelle" ? Chacun avance ses arguments "scientifiques", parfois étayés par des preuves matérielles ou des sources tangibles, mais la recherche de la "vérité" est parfois entravée par la mesquinerie et les ambitions personnelles pour lesquelles même les vies humaines comptent peu...

Commentaire 

Auguste fulminant n'est à l'évidence pas un roman historique mais suscite nombre de questions sur la notion de "vérité historique" ainsi que sur les utilisations ou les récupérations fréquentes de l'Histoire soit aux services d'intérêts individuels soit à des fins idéologiques. Perçu peut-être naïvement comme un être peu suspect de malhonnêteté ou de subjectivité partisane, le scientifique, ici l'historien ou l'archéologue, perd un peu de sa superbe dans ce roman qui dépeint le milieu de la recherche et des musées avec les mêmes travers, les mêmes mesquineries et les mêmes turpitudes que tout autre corps social. Voilà donc une incitation à la prudence par rapport aux communiqués de presse scientifiques souvent engageants mais dont les motivations premières sont souvent bien éloignées de la quête désintéressée du progrès. La structure particulière du livre, où trois types de récit se succèdent en alternance, est propice à éclairer sur les enjeux politiques dont l'Histoire a, de tous temps, fait l'objet.

Si Virgile a décrit les aventures d'Enée, c'est pour légitimer le pouvoir d'Auguste, dont la famille descendait, prétendait-on, en droite ligne du légendaire fondateur de Rome. Un livre à conseiller à tous les amateurs d'Histoire pour qui cette science est bien plus qu'une succession de faits.

Le cadre historique  

Après la victoire d'Actium (en -31) et la mort d'Antoine, Octave s'installe au pouvoir avec l'aide de l'armée et fonde le "principat", appelé à devenir rapidement l'Empire romain. Sous le nom d'Auguste, il cherche à fixer et à stabiliser les frontières. Afin d'affermir son pouvoir, il commande à Virgile l'écriture de L'Enéide (de -27 à -14). Après treize années de travail, le poète trouve l'oeuvre imparfaite et refuse qu'on la publie après sa mort. Auguste outrepassera ses dernières volontés.

Pour en savoir plus...

Sources internet :

1) http://www.liberte.ch/histoire/auguste/

L'empire romain au temps d'Auguste : l'Histoire, l'activité économique, le mouvement intellectuel, l'art.
2)
http://hannibalclub.ifrance.com/hannibalclub/020.htm

L'Histoire de la ville de Carthage ainsi qu'une description des ruines.

 

Références bibliographiques :

1) Pierre GRIMAL, La littérature latine, Paris, PUF, 1982 (réédit. 1965), Que sais-je ? n°327

2) VIRGILE trad. M. Rat, L'Enéide, Paris, Garnier Frères, 1965, GF n°51

Elise TOIRE

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